Droit à l’avortement : Google va supprimer les données sur les visites aux cliniques spécialisées
IVG•Des élus démocrates et des associations appelaient les géants de la tech à réagir après la révocation du droit fédéral à l’interruption volontaire de grossesse20 Minutes avec agences
Google a mis fin ce vendredi au silence pesant des géants de la tech sur la question de l'avortement. La firme a annoncé que les données de localisation des utilisateurs seraient automatiquement supprimées en cas de visite d’une clinique spécialisée dans les IVG.
« Si nos systèmes identifient qu’une personne s’est rendue dans un établissement (sensible), nous supprimerons ces entrées de l’historique de localisation, peu après leur visite », a déclaré Jen Fitzpatrick, une vice-présidente du groupe californien, dans un communiqué.
Une arme en moins pour les Etats conservateurs
Cette décision intervient une semaine après que la Cour suprême des Etats-Unis a révoqué le droit fédéral à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Des élus démocrates et associations de défense des droits humains craignent que les informations personnelles de femmes qui ont avorté, ou d’individus qui les auraient aidées, ne soient retenues contre eux par les procureurs d’Etats conservateurs ayant interdit l’IVG.
Ils appellent donc depuis des semaines les grandes plateformes technologiques à ne plus conserver autant de données personnelles, comme les recherches en ligne sur l’avortement ou les déplacements, obtenues avec des applications comme Google Maps. Mais Google, Meta (Facebook, Instagram) et Apple sont restés très silencieux jusqu’à présent.
Les centres de désintoxication aussi concernés
Jen Fitzpatrick rappelle que l’historique de localisation est désactivé par défaut, et que les utilisateurs peuvent contrôler ce qui est conservé ou non. En ce qui concerne les requêtes des autorités, elle assure aussi que Google a l’habitude de les « repousser quand elles sont trop extensives ».
« Nous prenons en compte les attentes en termes de confidentialité et de sécurité des personnes qui utilisent nos produits, et nous les prévenons quand nous accédons à des demandes du gouvernement, à moins que des vies soient en jeu », ajoute-t-elle.
Parmi les établissements sensibles concernés par la décision de vendredi, Google inclut aussi les centres d’hébergement en cas de violence domestique, les cliniques spécialisées dans la perte de poids ou encore les centres de désintoxication.
« Des outils pour les extrémistes »
Certaines lois adoptées avant même l’arrêt de la Cour suprême, comme au Texas en septembre, encouragent de simples citoyens à lancer des poursuites contre des femmes soupçonnées d’avoir avorté ou des personnes les ayant aidées – même un chauffeur Uber qui les aurait emmenées à la clinique, par exemple.
Les technologies de Google risquent donc de devenir « des outils pour les extrémistes qui veulent réprimer les personnes en quête de soins de santé liés à la reproduction », ont écrit 42 élus américains dans une lettre ouverte, adressée fin mai au dirigeant de Google Sundar Pichai. « Car Google conserve des informations sur l’emplacement géographique de centaines de millions d’utilisateurs de smartphones, qu’il partage régulièrement avec des agences gouvernementales », ont-ils détaillé.