Cinq choses à savoir à propos des auditions sur l’assaut du Capitole

Assaut du Capitole : Du complot aux « héros », tout savoir sur les conclusions de la commission d’enquête

RECAP'Le comité qui enquête sur la responsabilité de Donald Trump dans l’assaut du 6 janvier 2021 a présenté ses conclusions après avoir épluché plus de 100.000 documents et envoyé une centaine d’assignations à témoigner
Marion Pignot

M.P. avec AFP

Depuis près d’un an, un groupe d’élus du Congrès américain mène une enquête sur la responsabilité de Donald Trump dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Jeudi, cette commission parlementaire a commencé à présenter ses premières conclusions lors de la première audition publique sur six prévues. Ces auditions parlementaires ont exposé, en direct à la télévision, les éléments les plus frappants de l’enquête menée par des élus des deux bords. En voici les principaux points :

Le récit clair d’un complot en sept étapes

Malgré la montagne de documents à résumer et les détails venant de plus de 1.000 témoins interrogés [dont deux enfants de Donald Trump], la commission dite du « 6 janvier », composée de sept démocrates et deux républicains, a déroulé un récit clair, dépeignant un Donald Trump incapable d’accepter sa défaite et ne craignant pas de recourir à des mesures extrêmes pour tenter de s’accrocher au pouvoir.

Le long des cinq auditions, les élus ont braqué les projecteurs sur ce qu’ils ont décrit comme un complot en sept étapes mené par l’ex-président républicain. Il s’agit de la campagne de désinformation faisant état de fraudes électorales, de ses tentatives de corrompre le ministère de la Justice et de ses intenses pressions sur son vice-président Mike Pence. Les élus mentionnent également son harcèlement de responsables au niveau des Etats, les efforts de son équipe juridique pour créer de fausses listes d’électeurs, ses déclarations à la foule le 6 janvier et son refus d’appeler les insurgés à se retirer du Capitole pendant des heures.

Des chutes en série dans l’entourage de Donald Trump

Dans le cercle de l’ancien président, plusieurs personnalités ont été accablées. Son avocat Rudy Giuliani,​ autrefois maire respecté de New York, avait déjà été ridiculisé pour ses tentatives de promouvoir les théories de son client sur des fraudes électorales présumées et après des apparitions médiatiques… fantasques.

Des témoins ont assuré que Donald Trump avait été persuadé par Rudy Giuliani de déclarer sa victoire le soir de la présidentielle et ce, alors que l’ancien maire avait passé la soirée à s’enivrer. « Le maire était clairement ivre, mais je ne suis pas au courant de son niveau d’ivresse au moment où il a parlé avec le président », a déclaré un responsable de l’équipe de campagne de Donald Trump, Jason Miller.

D’autres ont également vu leur nom associé à l’opprobre, comme Jeffrey Clark, un fonctionnaire de rang intermédiaire ayant adopté les théories poussées par le président sur une élection truquée et devenu suspect pour le FBI. Il en va de même pour John Eastman, avocat proche de Donald Trump auteur d’un plan pour bloquer l’accession de Joe Biden à la Maison Blanche, et de six proches de Trump au Congrès qui ont demandé à être mis sur la liste des pardons de la Maison Blanche.

L’improbable coqueluche de la gauche

Liz Cheney, élue républicaine du Wyoming et fille de l'ancien vice-président Dick Cheney, fait maintenant figure de paria dans son Etat et dans son camp à Washington après avoir commis l’impardonnable : avoir rejoint la tête de la commission enquêtant sur Donald Trump. Elle est même devenue une improbable coqueluche pour certains démocrates.

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Ses idées conservatrices n’ont pas changé, mais elle courtise les démocrates du Wyoming pour qu’ils changent temporairement de camp et votent pour elle lors de la primaire républicaine en août.

Les « héros » d’un jour

A l’exception d’une poignée de personnes, les témoins qui ont chargé l’ex-président avec leur témoignage étaient tous républicains. La plupart ont été sollicités pour des postes dans l’administration et l’équipe de campagne par Donald Trump lui-même, et certains font toujours partie de ses partisans, faisant mentir les accusations selon lesquelles l’enquête est une chasse aux sorcières démocrate.

De hauts fonctionnaires du ministère de la Justice, des gouvernements des Etats, de la Maison Blanche, de l’équipe de campagne de Donald Trump et du bureau du vice-président ont été décrits comme des « héros » pour s’être exprimés. Des éditorialistes n’ont toutefois pas manqué de souligner qu’aucun ne s’était montré disposé à s’exprimer et à peser lors de la deuxième procédure en destitution contre Donald Trump.


Notre dossier sur l'assaut du Capitole

Inculper ou ne pas inculper Trump

Le portrait d’un président qui savait qu’il avait perdu l’élection, mais qui tentait tout de même de s’accrocher au pouvoir a été dressé dans une avalanche de témoignages apportés ces derniers jours au Congrès américain. Se pose désormais une question capitale : des procureurs fédéraux doivent-ils inculper Donald Trump ? La commission parlementaire a toujours affirmé qu’elle laisserait la question d’une inculpation aux autorités compétentes, soit le ministre de la Justice Merrick Garland. Mais elle a fortement sous-entendu qu’elle accuserait Donald Trump d’au moins deux délits : obstruction du décompte des votes des grands électeurs, et participation à une entreprise criminelle à l’encontre des Etats-Unis.

« Des poursuites mal menées pourraient renforcer Trump, et même l’aider à être réélu, a affirmé Edward Luce, éditorialiste du Financial Times. Quand on s’attaque à un roi, même un ancien roi, il faut l’abattre ». Merrick Garland peut s’attendre à un fort soutien du public s’il décidait d’inculper Donald Trump : près de 60 % des Américains pensent que l’ex-président devrait faire face à des poursuites, selon un nouveau sondage d’ABC News-Ipsos.

Et c’est quoi la suite ?

L’audience de jeudi dernier sur la campagne de Donald Trump pour associer l’ensemble du ministère de la Justice à son projet de rester au pouvoir sera la dernière jusqu’à la deuxième semaine de juillet au plus tôt. Les enquêteurs disent disposer d’une mine de nouvelles preuves à passer au crible, arrivées alors que les audiences étaient en cours. Dont des heures de séquences de Trump et de sa famille filmées pour un documentaire.

Ce partisan de Donald Trump fait partie des émeutiers qui ont envahi le Capitole mercredi.
Ce partisan de Donald Trump fait partie des émeutiers qui ont envahi le Capitole mercredi. - Manuel Balce Ceneta/AP/SIPA

Les audiences de juillet devraient se concentrer sur les groupes d'extrême droite initiateurs des violences au Capitole et les actions de Donald Trump à la Maison Blanche le 6 janvier 2021. La commission n’a pas exclu d’autres audiences plus tard dans l’été.