ASILEPrès de 60 millions de déplacés à l’intérieur même de leur pays en 2021

Près de 60 millions de déplacés à l’intérieur même de leur pays en 2021

ASILE« Le monde s’écroule » affirme le secrétaire général d’une ONG. Les conflits et les catastrophes naturelles en sont les principales causes
Maïwenn Furic

M.F. avec AFP

Près de 60 millions de déplacés à l’intérieur même de leur pays en 2021. C’est l’effrayant bilan dressé par plusieurs ONG et publié ce jeudi. Les conflits et les désastres naturels sont les deux principales causes mises en avant. Sur ces dix dernières années, 2020 et 2021 occupent respectivement les deux premières places en termes de nombre record de déplacements.

Selon l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), près de la moitié de ces personnes avaient moins de 18 ans. D’année en année, ce chiffre – qui ne tient donc pas compte des réfugiés à l’étranger – ne cesse de croître. Un nouveau record devrait être établi en 2022 en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a commencé le 24 février. Plus de huit millions de personnes étaient ainsi déplacées à l’intérieur de l’Ukraine, plus de deux mois après l’invasion du pays par la Russie, selon l’ONU.


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Le secrétaire général du NRC, Jan Egeland est alarmiste. Il affirme que la situation dans le monde « n’a jamais été aussi mauvaise » et assure que « le monde s’écroule ». « La situation aujourd’hui est réellement incroyablement bien pire que ce que notre chiffre record suggère. Nous avons besoin que les dirigeants mondiaux opèrent un changement titanesque de leur mode de pensée pour éviter et régler les conflits, afin de mettre fin à cette montée en flèche de la souffrance humaine », a-t-il dit.

L’Ethiopie, l’Afghanistan et la Birmanie patissent du climat et des conflits

L’Afrique subsaharienne est région qui a enregistré le plus grand nombre de déplacements internes en 2021. L’Ethiopie, en proie à une grave sécheresse et au conflit qui a éclaté en 2020 dans la région du Tigré, compte à elle seule plus de cinq millions de déplacés. Le chiffre le plus élevé jamais enregistré dans un seul pays. L’Afghanistan a également enregistré un record en raison du retour au pouvoir des talibans conjugué à la sécheresse. En Birmanie, les militaires qui ont pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en février 2021, ont poussé de nombreuses personnes à fuir leur foyer.

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont en revanche enregistré les niveaux les plus bas de nouveaux déplacements en dix ans, les conflits en Syrie, en Libye et en Irak ayant connu une certaine désescalade, mais le nombre total des personnes déplacées dans la région reste élevé. En ce qui concerne les déplacements internes en raison d’un conflit la Syrie comptait toujours le plus grand nombre, soit 6,7 millions fin 2021. Viennent ensuite la RDC (5,3 millions) et la Colombie (5,2 millions), ainsi que l’Afghanistan et le Yémen (4,3 millions chacun).

94 % des déplacements causés par les catastrophes naturelles

Bien que les personnes déplacées par les conflits soient toujours plus nombreuses, les catastrophes naturelles restent la raison principale pour laquelle les gens se voient obligés de fuir de chez eux. Pas moins de 94 % de ces déplacements ont été attribués à des catastrophes météorologiques et climatiques, telles que les cyclones, les inondations et la sécheresse, des phénomènes toujours plus fréquents et plus intenses en raison du changement climatique.

70 % des déplacements internes liés aux désastres naturels en 2021 ont été enregistrés en Chine, aux Philippines et en Inde. Mais, de plus en plus, conflits et catastrophes naturelles vont de pair, a relevé Jan Egeland. Dans des endroits comme le Mozambique, la Birmanie, la Somalie et le Soudan du Sud, les crises se chevauchent, ont un impact sur la sécurité alimentaire et aggravent la vulnérabilité de millions de personnes.