Guerre en Ukraine : Mais que se passe-t-il pour la résistance ukrainienne à l’aciérie d’Azovstal ?
RESISTANCE•Près de 300 combattants ukrainiens retranchés dans l’aciérie Azovstal, à Marioupol, se sont rendus ce lundi aux forces prorusses et constitués prisonniers
M.P. avec AFP
L'essentiel
- A Marioupol, à la pointe sud du Donbass, l’armée russe continue ses bombardements et ses tirs d’artillerie intensifs sur l’aciérie d’Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne dans ce port stratégique, selon l’état-major ukrainien.
- Le ministère russe de la Défense a annoncé lundi qu’une trêve y avait été instaurée afin d’évacuer les blessés ukrainiens. Kiev n’a pas commenté mais quelques heures plus tard 265 combattants ukrainiens retranchés dans l’aciérie se sont rendus aux forces prorusses et sont constitués prisonniers depuis.
- Mais que s’est-il passé à l’aciérie d’Azovstal ? 20 Minutes fait le point.
Elles sont devenues les symboles de la résistance ukrainienne à l’invasion russe lancée le 24 février. La ville de Marioupol, aujourd’hui totalement ravagée, et son immense complexe sidérurgique d’Azovstal seraient, ce mardi, en train de céder. La résistance de Marioupol s’y étiole : l’armée russe y exerçant une pression de plus en plus forte. Plusieurs centaines de combattants ukrainiens qui s’étaient retranchées dans les plusieurs dizaines de kilomètres de sous-sols de l’aciérie, dernier bastion de résistance ukrainienne à Marioupol, se sont rendues aux forces prorusses. Ils seraient actuellement faits prisonniers. Mais que s’est-il passé ces deux derniers jours à l’aciérie d’Azovstal ? 20 Minutes fait le point.
Mais que s’est-il passé à l’aciérie d’Azovstal ?
Quelque 265 combattants ukrainiens retranchés dans l’aciérie Azovstal se sont rendus aux forces prorusses et ont été constitués prisonniers, a affirmé ce mardi le ministère russe de la Défense. « Au cours des dernières vingt-quatre heures, 265 combattants ont rendu les armes et se sont constitués prisonniers. Plus de 50 d’entre eux sont grièvement blessés », a indiqué le ministère. La veille, la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Malyar avait annoncé que 264 combattants ukrainiens, parmi lesquels 53 blessés, avaient été évacués lundi de l’aciérie vers des localités situées en territoire contrôlé par les forces russes et prorusses, Novoazovsk et Olenivka.
Que va-t-il advenir de ces près de 300 combattants ukrainiens ?
« Tous les combattants qui ont besoin d’une assistance médicale sont envoyés vers l’hôpital de Novoazovsk », en territoire séparatiste prorusse, a indiqué, ce mardi, le ministère russe de la Défense. De son côté, la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Malyar avait d’ores et déjà assuré, lundi, que les combattants devaient être à l’avenir rapatriés en territoire contrôlé par l’Ukraine, « dans le cadre d’une procédure d’échange ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, lui, promis dans sa désormais traditionnelle vidéo du soir, que l’essentiel était de « sauver la vie de nos gars ». « Je veux le souligner : l’Ukraine a besoin de ses héros vivants. C’est notre principe », a-t-il ajouté.
L’état-major ukrainien a, lui, indiqué que « l’opération de sauvetage des défenseurs de l’Ukraine bloqués se poursuivait », sans préciser leur nombre. Considérant que ces hommes avaient « rempli » leur mission [leur résistance acharnée a notamment empêché la prise rapide par l’armée russe de la grande ville ukrainienne de Zaporijjia], le ministère de la défense ukrainien a précisé sur Telegram que « malheureusement, aujourd’hui, l’Ukraine ne pouvait toujours pas débloquer Azovstal par des moyens militaires ».
Pourquoi les résistants ukrainiens se sont-ils rendus ?
La semaine dernière, les autorités ukrainiennes avaient affirmé que plus de 1.000 soldats ukrainiens – parmi lesquels 600 blessés, selon un de leurs commandants – étaient toujours présents dans les galeries souterraines de la gigantesque aciérie. Tous s’étaient retranchés à Azovstal après avoir subi pendant plus d’un mois le siège érreintant de Marioupol. Ces derniers combattants ukrainiens retranchés ont cependant annoncé lundi qu’ils avaient « exécuté l’ordre » du commandement suprême ukrainien « afin de sauver des vies », sans précision sur la teneur des ordres reçus ni détails sur les opérations à venir.
« Pendant quatre-vingt-deux jours, les défenseurs de Marioupol ont exécuté les ordres malgré les difficultés, ont fait reculer les forces écrasantes de l’ennemi et ont permis à l’armée ukrainienne de se regrouper, de former davantage de personnel et de recevoir un grand nombre d’armes des pays partenaires », a détaillé sur les réseaux sociaux le régiment Azov, qui assure la défense du site depuis de longues semaines.
Qu’en est-il de la situation à Marioupol ?
Femmes, enfants et personnes âgées qui s’étaient réfugiés sur le site de l’aciérie ont tous été évacués fin avril, grâce à une opération coordonnée par les Nations unies et le Comité international de la Croix-Rouge. Selon l’état-major ukrainien, l’armée russe y continue ses bombardements et ses tirs d’artillerie intensifs. Et si le ministère russe de la Défense a annoncé lundi qu’une trêve y avait été instaurée afin d’évacuer les blessés ukrainiens, Kiev n’a pas commenté. « Les forces russes fortifient des positions le long de l’axe du sud, témoignant de leurs objectifs de contrôler la zone de façon permanente », estime par ailleurs l' ISW (Institut pour l’étude de la guerre).
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Quant à la ville martyre de Marioupol, elle a été totalement ravagée depuis l’offensive russe lancée le 24 février. Pilonnée sans cesse par l’armée russe, la ville portuaire a été détruite à « plus de 90 % », selon son maire, Vadim Boïtchenko. Sa prise totale par les forces russes, qui semble désormais inéluctable après l’ordre donné aux derniers combattants d’Azovstal, permettrait à ces dernières de faciliter la jonction entre la Crimée et le Donbass.