Somalie : Election à la présidence de l’ancien chef de l’Etat Hassan Cheikh Mohamoud
SCRUTIN•Hassan Cheikh Mohamoud, déjà président entre 2012 et 2017, s’est imposé face au chef de l’Etat sortant Mohamed Abdullahi Mohamed20 Minutes avec AFP
Cinq ans après, l’histoire se répète. La Somalie a en effet élu dimanche pour la seconde fois Hassan Cheikh Mohamoud à sa présidence, à l’issue d’un scrutin sous haute sécurité, dans un pays en proie à l’insurrection des islamistes radicaux shebab et où la famine menace.
A l’issue d’un vote marathon, Hassan Cheikh Mohamoud, président entre 2012 et 2017, s’est imposé face au chef de l’Etat sortant Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo. Des coups de feu de célébration ont résonné dans la capitale Mogadiscio.
Farmajo reconnaît sa défaite et promet sa « solidarité »
« Il est vraiment remarquable que le président soit ici à mes côtés, nous devons aller de l’avant et jamais en arrière, nous devons panser nos blessures », a déclaré le nouveau président, immédiatement investi, en évoquant son prédécesseur Farmajo. « Je salue mon frère ici, le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud, et lui souhaite bonne chance face à l’énorme tache qui l’attend », a déclaré ce dernier, promettant sa « solidarité ».
Cette élection a eu lieu après plus d’un an de retard dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique secoué par une longue crise politique. Les députés et sénateurs ont commencé à voter dimanche pour départager les 36 candidats, sous une tente placée sous couvre-feu dressée dans le périmètre de l’aéroport de Mogadiscio, où les forces de sécurité sont omniprésentes.
La même finale qu’il y a cinq ans
Des explosions ont été entendues près de l’aéroport alors que le vote commençait, rappelant combien la situation sécuritaire reste précaire. Selon la police, aucune victime n’a toutefois été signalée. Après des heures de scrutin, retransmis à la télévision nationale, le complexe processus électoral est entré dans sa troisième et dernière phase avec les deux candidats encore en lice, le président sortant et son prédécesseur, comme il y a cinq ans. Lors de cet ultime vote, les fonctionnaires du Parlement ont dénombré plus de 165 votes en faveur de Hassan Cheikh Mohamoud, consacrant sa victoire.
Le mandat de Farmajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l’organisation de nouvelles élections. La prolongation de deux ans de son mandat par les députés en avril 2021 avait déclenché des combats à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991.
Le spectre de la famine de 2011
Depuis un an et demi, la communauté internationale a multiplié les appels à boucler les élections, estimant que les retards détournaient les autorités de la lutte contre les shebab, affiliés à Al-Qaida, qui mènent une insurrection dans le pays depuis 15 ans. Ces derniers mois, ces islamistes radicaux ont d’ailleurs intensifié leurs attaques sanglantes.
Cette élection est également capitale pour l’avenir économique de la Somalie, dont 71 % de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour. Le pays fait également face à l’une des pires sécheresses des dernières décennies. Les organisations humanitaires redoutent une famine similaire à celle de 2011, qui avait tué 260.000 personnes.