BLOQUESL'Irlande du Nord s'enlise dans la paralysie politique

Brexit : L'Irlande du Nord s'enfonce dans la paralysie politique, Boris Johnson attendu lundi

BLOQUESLes unionistes du DUP sont déterminés à bloquer le fonctionnement de la nouvelle Assemblée pour s’opposer aux dispositions post-Brexit
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Une semaine après la victoire historique du Sinn Fein, l'Irlande du Nord s’enlise dans la paralysie politique, les unionistes du DUP étant déterminés à bloquer le fonctionnement de la nouvelle Assemblée pour s’opposer aux dispositions post-Brexit dans la province britannique.

Peu avant que les 90 élus ne se succèdent pour signer le registre lors de la première séance de l’Assemblée locale à Belfast, le chef de file des unionistes du DUP, Jeffrey Donaldson, a confirmé le choix de son parti de bloquer le fonctionnement de l’institution. « Nous avons pris la décision de ne pas soutenir à ce stade l’élection d’un président à l’Assemblée », a-t-il déclaré.

Le protocole nord-irlandais au cœur du blocage

Le dirigeant unioniste, dont le parti est viscéralement attaché à l’union avec la Grande-Bretagne, a insisté sur la nécessité d'« envoyer un message clair » tant à l'Union européenne qu’au gouvernement britannique « que nous sommes très sérieux » sur la nécessité de résoudre la question du protocole nord-irlandais.

Il a souligné qu'« aucun élu unioniste » ne « soutient le protocole » et appelé le gouvernement à agir « maintenant » pour « restaurer la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni ».

Contrôles douaniers

L’Assemblée nouvellement élue se réunissait vendredi pour la première fois depuis que le Sinn Fein, partisan de la réunification avec la république d’Irlande, est arrivé premier aux élections locales du 5 mai, une première en plus de cent ans d’histoire de la province.

Mais deuxième, le DUP refuse de partager le pouvoir avec le parti nationaliste, comme le prévoit l’accord de paix conclu en 1998, tant que resteront en place des contrôles douaniers post-Brexit prévus dans le protocole négocié par Londres lors du divorce avec l’Union européenne.

Public « en otage »

Jeffrey Donaldson, qui avait déjà refusé de nommer un vice-premier ministre local, a réitéré sa farouche opposition à ce protocole, qui menace selon lui la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni.

Michelle O’Neill, la vice-présidente du Sinn Fein appelée à devenir la nouvelle cheffe du gouvernement nord-irlandais, l’a accusé de « prendre le public en otage ». Le gouvernement britannique veut renégocier en profondeur le protocole signé au moment de sa sortie de l’UE, tandis que Bruxelles se dit seulement prêt à des aménagements. Il appelle néanmoins les partis nord-irlandais à former un exécutif pour offrir aux habitants de la province « le gouvernement stable qu’ils méritent ».

Une action « antidémocratique »

Londres a menacé jeudi d’agir unilatéralement pour outrepasser le protocole, possiblement dès la semaine prochaine, une position inacceptable pour Bruxelles qui pourrait déclencher de sévères représailles commerciales. Mais selon le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, toute action unilatérale de la part du gouvernement britannique serait « antidémocratique ».

« Le protocole doit être mis en œuvre avec flexibilité et pragmatisme pour prendre en compte les préoccupations » du camp unioniste, a-t-il déclaré sur BBC Radio 4. Mais s’il entreprenait des actions unilatérales, en plus d'« enfreindre le droit international », le gouvernement britannique « agirait délibérément de manière antidémocratique, car 53 des 90 élus de l’Assemblée nord-irlandaise soutiennent le protocole ».

« Menace imminente »

En revanche pour David Frost, l’ex-M. Brexit du gouvernement britannique, « le gouvernement n’a d’autre option maintenant que d’agir unilatéralement pour ne plus appliquer tout ou partie du protocole ». « Il y a une menace imminente à notre capacité de gouverner l’Irlande du Nord », a-t-il écrit vendredi dans le quotidien conservateur The Telegraph, estimant que des représailles européennes, qui font craindre une guerre commerciale, seraient « disproportionnées ».

En maintenant l’Irlande du Nord dans le marché unique et l’union douanière européens, le protocole vise à préserver la paix en évitant le retour d’une frontière physique entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’UE. Selon le Guardian, une délégation de membres du Congrès américain doit se rendre dans les prochains jours à Londres, Belfast, Bruxelles et Dublin pour réitérer l’attachement de la Maison-Blanche à l’accord de paix et au protocole.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson est attendu lundi en Irlande du Nord, a annoncé en fin de journée la cheffe du Sinn Fein dans la province britannique. « J’ai parlé avec Boris Johnson lui-même. Il sera là lundi, j’ai l’intention de lui dire directement qu’il doit arrêter de se soumettre aux exigences du (parti unioniste) DUP », a déclaré Michelle O’Neill, après que le DUP a fait échouer le processus de désignation du président de l’Assemblée locale.