Guerre en Ukraine : Les propos de Lavrov sur le « sang juif » d’Hitler révulsent Israël
COMPLOTISME•La sortie du ministre russe des Affaires étrangères a été largement condamnée lundi20 Minutes avec AFP
Hitler « avait du sang juif » : ces déclarations du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ont révolté Israël, qui a convoqué l’ambassadeur de Russie, et suscité la réprobation de certains pays occidentaux. Moscou a répété à maintes reprises vouloir « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine, une ancienne république soviétique avec, à sa tête, des dirigeants pro-occidentaux, justifiant ainsi l’invasion lancée le 24 février.
Le président ukrainien Volodymyr « Zelensky fait valoir cet argument : comment le nazisme peut-il être présent (en Ukraine) s’il est lui-même juif. Je peux me tromper, mais Hitler avait aussi du sang juif », a dit M. Lavrov dimanche soir au groupe de médias italien Mediaset, et dont les propos ont été retranscrits sur le site de son ministère.
« Les propos du ministre Lavrov sont à la fois scandaleux, impardonnables et une horrible erreur historique », a condamné son homologue israélien Yaïr Lapid dans un bref communiqué. Il a précisé que l’ambassadeur de Russie en Israël avait été convoqué pour des « clarifications ».
Grand-père paternel inconnu
Son père Aloïs était « un enfant illégitime et son géniteur était inconnu », explique à l’AFP l’historien autrichien Roman Sandgruber, auteur l’an dernier de la première biographie du patriarche, né en 1837 et mort en 1903 quand Hitler avait 14 ans. C’est dans les années 1920, au moment de l’ascension du fondateur du parti national-socialiste, que « des spéculations selon lesquelles il pourrait avoir des origines juives ont émergé », nourries par ses adversaires politiques et renforcées par son accession au pouvoir en 1933. Puis, après la guerre, un criminel nazi a relancé la théorie. Mais quand les faits se sont déroulés, « les Juifs n’avaient pas le droit de résider à Graz », commente Roman Sandgruber qui ne voit « aucune preuve tangible » étayant la thèse d’origines juives d’Adolf Hitler.
Depuis le lancement de l’offensive russe en Ukraine décidée par le président Vladimir Poutine, Israël a tenté de maintenir un équilibre délicat entre Kiev et Moscou, mais les propos de Lavrov ont suscité l’indignation. Le président de Yad Vachem, le mémorial israélien de la Shoah, Dani Dayan, a également condamné des « propos sans fondement, délirants et dangereux ».
« Camps de filtration »
Le président Zelensky s’est lui-même indigné, dans une vidéo diffusée lundi soir : « Comment cela peut-il être dit à la veille de l’anniversaire de la victoire sur le nazisme ? Ces mots signifient que le plus haut diplomate russe rend le peuple juif responsable des crimes nazis. Il n’y a pas de mots ».
« La question est donc de savoir si l’ambassadeur israélien restera à Moscou en connaissant sa nouvelle position. Les relations avec la Russie resteront-elles inchangées ? Parce que ce n’est pas accidentel. Les mots du ministre russe des Affaires étrangères – un ''grand connaisseur de l’hitlérisme'' – ne sont pas accidentels », a aussi lancé le dirigeant ukrainien.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs pointé les « camps de filtration » selon lui mis en place par les Russes en Ukraine, où son « peuple est tué, torturé et violé ». « Ce n’est pas une coïncidence si les occupants capturent des civils et les prennent en otage ou les déportent comme main-d’oeuvre gratuite », a-t-il encore accusé.
Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba avait auparavant déploré que « M. Lavrov ne puisse cacher l’antisémitisme profondément enraciné au sein des élites russes ». « Les propos ouvertement antisémites de Lavrov (…) sont une autre preuve que la Russie est le successeur de l’idéologie nazie », a appuyé pour sa part un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.