Guerre en Ukraine : Deux championnes ukrainiennes d'échecs ont refusé d'appeler à l'exclusion des joueurs russes ? Méfiance
FAKE OFF•Anna et Mariya Muzychuk, championnes d'échecs, sont menacées de suspension par la fédération de Lviv car elles auraient refusé de signer une lettre appellant à l'exclusion des joueurs russes. Elles dénoncent une « demi-vérité »Mathilde Cousin
L'essentiel
- Anna et Mariya Muzychuk, championnes d’échecs, sont menacées de suspension par la fédération de Lviv, une ville de l’ouest de l’Ukraine, car elles auraient refusé de signer une lettre appellant à l’exclusion des joueurs russes.
- Les sœurs dénoncent une « demi-vérité ». Elles n’ont pas apporté leur signature car elles voulaient modifier certaines demandes.
- Le 27 février, trois jours après le début de la guerre, Anna Muzychuk avait exhorté les joueurs russes et biélorusses à condamner la guerre
Une « demi-vérité ». Deux championnes ukrainiennes d’échecs ont dénoncé vendredi un message annonçant qu’elles avaient refusé de signer une lettre ouverte demandant à la Fédération internationale d'échecs (FIDE) d’exclure les joueurs russes et biélorusses des compétitions organisées par cette fédération.
Mariya et Anna Muzychuk sont menacées d’exclusion par la Fédération des échecs de Lviv, en Ukraine, pour ne pas s’être associées à cette lettre.
La nouvelle s’est répandue dans le milieu des échecs et jusque sur les réseaux sociaux, où des internautes expliquent que Mariya et Anna Muzychuk « seront suspendues et exclues de la compétition par la Fédération des échecs de [Lviv] pour avoir refusé de signer une lettre ouverte appelant la Fédération internationale des échecs à interdire les athlètes russes ».
Les deux sœurs sont des joueuses réputées : Mariya est devenue championne du monde en 2015 et a gagné deux fois le championnat ukrainien, tandis qu’Anna a remporté trois championnats mondiaux, de blitz et le format rapide.
FAKE OFF
Que s’est-il passé ? Le 7 avril, la Fédération des échecs de Lviv publie une lettre ouverte sur Facebook. Dénonçant des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité », le président de la fédération de Lviv demande à celui de la Fédération ukrainienne d’adresser un certain nombre de demandes à la FIDE au sujet des joueurs russes et biélorusses.
Le président de la fédération locale demande ainsi l’exclusion des fédérations russe et biélorusse de la FIDE, ainsi qu’une interdiction des joueurs, entraîneurs et arbitres de ces deux nationalités de participer aux tournois de la FIDE. Enfin, il demande la démission du président de la FIDE, qu’il accuse de « complicité » avec Vladimir Poutine.
La lettre se conclut en indiquant que Mariya et Anna Muzychuk « n’ont pas signé ou soutenu cette lettre » et la fédération locale indique qu’une procédure d’exclusion va être entamée.
Le lendemain, le 8 avril, les deux championnes répondent via le compte Facebook d’Anna. Elles expliquent avoir proposé des modifications à ces lettres, mais que celles-ci n’ont pas été prises en compte. Elles jugent que ces lettres ne sont pas efficaces et auraient dû être modifiées. Concernant l’exclusion des joueurs russes et biélorusses, Anna Muzychuk rappelle que des certains de ces joueurs ont signé une lettre ouverte condamnant la guerre. Les jeunes femmes proposent d’exclure les joueurs qui n’ont pas apporté leur soutien à l’Ukraine, ou de suspendre tous les joueurs de ces deux nationalités uniquement pendant le temps de la guerre.
Les sœurs soulignent aussi qu’elles ont « initié la suspension des joueurs d’échecs et des joueurs d’échecs russes et biélorusses des compétitions par équipes ». « Nous pensons que les États de Russie et de Biélorussie n’ont pas le droit moral d’être représentés lors des compétitions internationales », ajoutent-elles.
Le 27 février, trois jours après le début de la guerre, Anna Muzychuk avait exhorté sur son compte Facebook les joueurs russes et biélorusses à condamner la guerre.