RDC : Huit Casques bleus tués dans le crash d’un hélicoptère qui survolait une zone de combats
CONFLIT•L’appareil, qui transportait six Pakistanais, un Russe et un Serbe, survolait une zone où des affrontements opposaient l’armée congolaise aux rebelles du M2320 Minutes avec agences
L'essentiel
- L’appareil, qui transportait les huit Casques bleus, survolait une zone de combats entre l’armée et la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars) dans l’est de la République démocratique du Congo.
- Un « objet lumineux » non identifié aurait causé le crash de l’hélicoptère.
- Selon l’ONU, les huit corps ont été ramenés à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
Huit Casques bleus sont morts ce mardi dans le crash d’un hélicoptère Puma de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco). L’appareil survolait une zone de combats entre l’armée et la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars) dans l’est du pays. Un « objet lumineux », dont la nature reste à déterminer, aurait causé le crash de l’hélicoptère, selon de premiers éléments de l’enquête rendus publics mercredi par la mission de l’ ONU dans le pays.
« Les premières remarques préliminaires de notre état-major de la force font état d’un crash qui aurait été causé par un objet lumineux », a déclaré sur RFI Khassim Diagne, représentant spécial adjoint pour la protection et les opérations au sein de la Monusco. Une information confirmée par Ndèye Khady Lo, porte-parole ajointe de la Mission de l’ONU. « Les débris de l’hélicoptère ont été retrouvés, une enquête est en cours et devrait permettre d’en savoir plus sur la nature de cet objet », a-t-elle ajouté. Selon elle, la cause du crash semble donc « extérieure » mais il est « prématuré » d’en conclure que ce n’est « pas un accident ».
Armée et rebelles s’accusent mutuellement
Le crash est survenu alors que l’hélicoptère était en reconnaissance dans la zone de Tchanzu, en territoire de Rutshuru (province du Nord-Kivu), où des affrontements opposaient depuis la veille l’armée congolaise aux rebelles du M23. Armée et rebelles s’accusent mutuellement d’avoir « abattu » l’appareil.
Les corps des huit Casques bleus morts dans le crash – six Pakistanais, un Russe et un Serbe – ont été ramenés à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, a précisé la Monusco.
Des accusations envers le Rwanda
Le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur du Nord-Kivu, a accusé lundi les Forces de défense du Rwanda (RDF) de soutenir le M23 qui, disait-il, a « mené des incursions et attaqué les positions des FARDC » (Forces armées congolaises) dans deux localités du territoire de Rutshuru. Également appelé « Armée révolutionnaire congolaise », le M23 est issu d’une ancienne rébellion tutsie congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. Défait en 2013, le M23 fait de nouveau parler de lui depuis novembre, attaquant des positions militaires et reprochant à Kinshasa de n’avoir pas respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Lundi soir sur TV5 Monde, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a employé le conditionnel mais néanmoins enfoncé le clou : « Il est temps de mettre fin à cette forme d’hypocrisie qui existerait ou cette forme de complicité entre le M23 et le gouvernement du Rwanda », a-t-il déclaré, « parce que nous, nous voulons regarder le Rwanda comme un pays partenaire ».
Le Rwanda dément
« Le Rwanda ne soutient ni politiquement ni militairement les M23. Engagement réaffirmé auprès du ministre (des Affaires étrangères) pour vérification et coopération conjointes par rapport aux allégations en cours », a tweeté de son côté l’ambassadeur rwandais en RDC, Vincent Karega. « Nous réfutons catégoriquement les accusations sans fondement » de l’armée congolaise, avait déjà répliqué le gouverneur de la province rwandaise de l’Ouest, François Habitegeko. L’armée rwandaise « n’est en aucune façon impliquée dans les activités belliqueuses » en RDC, ajoutait-il.
Dans un message vidéo, Willy Ngoma, porte-parole du M23, a également affirmé que le mouvement était « congolais » et ne bénéficiait « d’aucune aide, ni de près, ni de loin, d’un quelconque pays voisin ».