Guerre en Ukraine : De la stagnation des troupes russes aux drones « kamikazes », le conflit en quatre infographies
RECAP'•Chaque semaine, « 20 Minutes » vous résume les enjeux de la guerre en quatre infographiesX.R. avec AFP
L'essentiel
- L’invasion russe en Ukraine continue, mais les troupes russes n’avancent plus beaucoup. La tentative d’encerclement de Kiev n’a toujours pas abouti et les bombes pleuvent toujours sur Kharkiv et Mykolaïv.
- Dans le sud du pays, Marioupol souffre toujours d’un siège long et de bombardements intenses. Un théâtre abritant plusieurs centaines de civils a été bombardé mercredi.
- Alors que les sanctions occidentales sont de plus en plus importantes, la Russie a évité un défaut de paiement en réglant une partie de ses dettes en dollars. Mais d’autres échéances approchent, et certaines réserves du pays sont gelées.
La guerre en Ukraine se poursuit, malgré les tentatives diplomatiques pour faire taire les armes. L’armée russe tente d’encercler Kiev, bombarde Kharkiv et Mikolaiv, mais les combats les plus importants cette semaine se sont déroulés à Marioupol. Dans cette ville assiégée depuis plusieurs jours, où l’électricité a été coupée et où la nourriture manque, un théâtre abritant « plusieurs centaines » de civils a été bombardé. Dans le même temps, sous le coup des sanctions occidentales, la Russie se retrouve au bord du défaut de paiement. 20 Minutes fait le point sur le conflit en Ukraine et ses enjeux en quatre infographies.
Les troupes russes ont peu avancé
Les troupes russes piétinent. Malgré les assertions de Vladimir Poutine, évoquant un « succès », les avancées ont été minimes sur le terrain. Après d’âpres combats à Irpin, Kiev n’est toujours pas complètement encerclée, au point que les Premiers ministres polonais, tchèque et slovène ont pu faire l’aller-retour pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Des bombardements touchent régulièrement Dnipro et Lviv, alors que les troupes russes en sont loin.
La situation est plus précaire pour Kharkiv, disputée depuis le début de la guerre, et Mykolaïv, dont le contrôle ouvrirait la voie aux chars russes vers Odessa. Des centaines de civils fuient d’ailleurs chaque jour vers Odessa. Dimanche, neuf personnes qui faisaient la queue devant un magasin ont été tuées lors d’une attaque aérienne. Mais cette semaine, les frappes et les combats se sont concentrés sur une autre ville-clé : Marioupol.
Un théâtre bombardé à Marioupol
« Ce n’est plus Marioupol, c’est l’enfer. » Tamara Kanunenko, une habitante, a enfin réussi à fuir sa ville, assiégée depuis plus de deux semaines. Marioupol, port stratégique qui permettrait aux Russes de faire la jonction entre ses troupes en Crimée et celles du Donbass, n’est plus alimentée en électricité. Ses habitants, qui se terrent où ils peuvent, boivent l’eau des radiateurs ou du fleuve. Selon Kiev, plus de 2.000 personnes sont mortes à ce jour à Marioupol.
Le bilan pourrait s’alourdir de manière dramatique, après que le théâtre de la ville ait été bombardé mercredi. Le dégagement des gravats est encore en cours, mais « plusieurs centaines de personnes » y avaient trouvé refuge, indique la mairie. A l’avant et à l’arrière du bâtiment, le mot « Diéti » (« Enfants » en russe) était inscrit au sol en lettres géantes. L’aviation russe semble ne pas avoir tenu compte de l’avertissement. Ce vendredi, des combats ont été signalés dans le centre-ville, où les cadavres de civils jonchent les rues depuis plusieurs jours.
Les Etats-Unis livrent des drones « kamikazes » à l’Ukraine
Joe Biden a annoncé l’envoi de défenses anti-aériennes en Ukraine, dont des missiles S-300 de fabrication russe, plus pratiques d’utilisation pour l’armée ukrainienne, mais aussi 100 drones. Selon une source militaire américaine, il s’agit de « Switchblade », des drones dits « kamikazes » qui explosent au contact de la cible et dont le modèle plus petit permet de détruire des blindés légers. De quoi permettre aux Ukrainiens de viser les convois russes qui tentent d’encercler Kiev, ou des cibles stratégiques plus lointaines.
La Russie au bord du défaut de paiement
La Russie est passée tout près d’un défaut de paiement, alors qu’elle devait payer 117 millions de dollars le 16 mars pour deux obligations. Après des craintes sur l’impossibilité de faire le versement, en raison des sanctions occidentales notamment sur les banques russes, tout est rentré dans l’ordre... pour cette fois. Le ministère russe des Finances a indiqué avoir déboursé l’argent nécessaire, affirmant dans un communiqué que « l’ordre de paiement sur le versement d’intérêts d’obligations (…) d’une valeur totale de 117,2 millions de dollars (…) a été exécuté ». La banque américaine JPMorgan a bien reçu un versement de la Banque centrale russe en ce sens, selon une source proche du dossier.
Après consultation des autorités américaines pour ne pas enfreindre les sanctions, JPMorgan a ensuite transmis l’argent à Citigroup, chargée de distribuer les sommes requises par les détenteurs des différentes obligations sous trente jours. Mais ce versement au dernier moment n’éloigne que temporairement le spectre d’un défaut de paiement. Plusieurs autres échéances arrivent, et les sanctions ont provoqué une forte chute du rouble.
Notre dossier sur la guerre en Ukraine
Or, les réserves russes à l’étranger étant bloquées, Moscou ne peut compter que sur sa monnaie pour payer ses dettes dues en devises étrangères. Malgré ses menaces, le versement de cette semaine s’est fait en dollars. Mais combien de temps le Kremlin pourra-t-il tenir ? Les agences de notation ont encore dégradé la note russe, considérant le risque d’un défaut de paiement russe « imminent ».