Mexique : Un journaliste assassiné, le huitième depuis le début de l’année
PRESSE•Le Mexique est l'un des pays les plus dangereux au monde pour la presse, selon les chiffres de l'organisation Reporters sans frontières20 Minutes avec agences
Le journaliste Armando Linares, directeur du site d’informations Monitor Michoacan, a été assassiné ce mardi au Mexique, ce qui porte à huit le nombre de journalistes tués dans ce pays en 2022. Le procureur de l’Etat de Michoacan, région marquée par des années de violences liées aux cartels de drogue, a indiqué dans un communiqué que le journaliste avait perdu la vie dans l’après-midi à son domicile. Son corps portait des impacts de balles.
« Le cauchemar continue pour la presse au Mexique »
Cet assassinat intervient un mois et demi à peine après celui de Roberto Toledo, collaborateur du même média. Après ce meurtre, le 31 janvier, Armando Linares avait dénoncé des menaces à son encontre et contre son équipe pour avoir révélé des faits de corruption. « Nous ne sommes pas armés, nous ne portons pas d’armes. Notre unique défense, c’est notre plume, un crayon », avait-il déclaré dans une vidéo diffusée après la mort de Roberto Toledo.
Le Mexique est l’un des pays les plus dangereux au monde pour la presse, selon les chiffres de l’organisation Reporters sans frontières (RSF). « Le cauchemar continue pour la presse au Mexique. RSF documente les faits et demande une enquête exemplaire de la part du bureau du procureur de Michoacan », a tweeté RSF.
Un territoire aux mains des cartels
Le Michoacan, Etat de l’ouest du Mexique où Armando Linares a été assassiné, est gangrené par la violence. Y opère le puissant Cartel de Jalisco – Nouvelle Génération (CJNG) et d’autres organisations telles que Los Viagras, qui se disputent ce territoire stratégique pour acheminer la drogue vers la côte Pacifique.
En 2021, le Michoacan a enregistré 2.732 assassinats, soit un peu plus de 8 % des 33.315 homicides avec préméditation commis dans l’ensemble du Mexique. Jorge Luis Camero, l’un des derniers journalistes assassinés, le 24 février, venait à peine de démissionner à Empalme, dans l’Etat de Sonora (nord).
Le président critique régulièrement la presse
Début mars, le Parlement européen a adopté une résolution appelant les autorités mexicaines à « assurer la protection et la création d’un environnement sûr pour les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme ». En réponse, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador l’a accusé de soutenir « une stratégie de coup d’Etat » qu’il attribue à ses opposants.
Le chef d’Etat critique régulièrement le secteur de la presse de son pays, l’accusant de servir des intérêts privés. Quelque 150 journalistes ont été assassinés au Mexique depuis 2000, selon RSF.