Est-ce que c’est grave docteur de « banaliser » l’épidémie de Covid-19 ?

Covid-19 : Mais est-ce que c’est grave docteur de « banaliser » l’épidémie ?

EPIDEMIELe Conseil scientifique affirme que le Covid-19 était passé « au second plan » et qu’il était « banalisé » par les Français
Camille Poher

Camille Poher

L'essentiel

  • La Chine connaît un regain fulgurant de Covid-19 avec 5.280 nouveaux cas au cours des dernières vingt-quatre heures, soit plus du double de la veille.
  • En France, les autorités de santé recensaient ce mardi plus de 116.000 cas en vingt-quatre heures contre 80.000 il y a deux semaines, tandis que, ce mercredi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé attendre entre 120.000 et 150.000 contaminations quotidiennes d’ici 10 à 15 jours.
  • Alors que le Conseil scientifique tire la sonnette d’alarme et s’inquiète de la « banalisation » de l’épidémie, 20 Minutes a demandé à la neurologue Clémence Marois ainsi qu’à Catherine Grangeard, psychanalyste, de nous livrer leur diagnostic.

On le croyait derrière nous, mais visiblement non. La cinquième vague de Covid-19 est en effet à la hausse depuis quelques jours avec 116.000 nouveaux cas en vingt-quatre heures contre 80.000 il y a deux semaines. Dans son dernier avis émis vendredi et transmis à la presse ce mardi, le sacro-saint Conseil scientifique titre même la sonnette d’alarme : « L’épidémie n’est pas terminée ! ». Pointant du doigt la « banalisation » de cette dernière, le conseil regrette que le coronavirus soit passé « au second plan ».

Dans un contexte de conflit international, laissant présager une Troisième Guerre mondiale [pour les plus pessimistes], il est « évident que le Covid-19 passe en second plan », tranche Catherine Grangeard, psychanalyste, psychosociologue et autrice. « D’une part, le risque de mort est bien plus imminent et, d’autre part, nous ne sommes pas vraiment capables de gérer plusieurs angoisses en même temps », diagnostique la psychanalyste.

Une « habituation » plus qu’une « banalisation »

Pour Clémence Marois, neurologue et réanimatrice médicale à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le terme utilisé par le conseil scientifique est à nuancer : « je ne parlerais pas de "banalisation" mais plutôt d'"habituation", ce sont deux choses différentes. » « Banaliser sous-entend que le problème est moins grave, s’habituer revient plutôt, à mon sens, à prendre des bonnes habitudes face à ce virus », précise-t-elle. Et ces habitudes, selon Clémence Marois, doivent d’abord être assimilées sur le plan individuel : « Chacun, en conscience, doit protéger les plus fragiles. C’est à chaque individu de décider s’il porte son masque ou non en présence de personnes immunodéprimées, âgées ou encore non vaccinées. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Pour notre psychosociologue, Catherine Grangeard, si « banaliser » signifie « sortir de la peur », alors banalisons ! « Depuis mars 2020, on a oublié tout le reste. Il n’y a plus que le Covid-19. Il était temps de sortir de l’obsession et de la crainte permanente, explique-t-elle. Banaliser le Covid-19, c’est aussi le remettre à sa juste place. Un danger oui, mais pas l’unique. Une actualité oui, mais pas l’unique non plus. »

« Il faut rester vigilant »

Et c’est sûrement pour ne pas replonger les Français dans l’angoisse qu’Olivier Veran, est resté rassurant, tout en n’excluant pas un nouveau pic épidémique. Au micro de France Info ce mercredi matin, le ministre de la Santé a affirmé que le pic ne devrait, cette fois, pas dépasser 120.000 à 150.000 contaminations par jour avant d’entamer une décroissance.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Il existe encore aujourd’hui des cas graves de Covid-19 et en particulier chez les sujets fragiles. C’est pour cela qu’il faut rester vigilant », affirme notre neurologue Clémence Marois. « Alors bien sûr il ne faut pas banaliser ce virus mais il faut réussir à l’appréhender afin qu’il devienne un virus comme un autre. Au même titre que la grippe, par exemple », conclut-elle. Alors ne banalisons pas, mais vivons. Ordre des médecins.