Conflit Ukraine – Russie : Poutine donne l’ordre à son armée d’entrer dans les territoires séparatistes d’Ukraine
RUBICON•Après une allocution télévisée, Vladimir Poutine a signé deux décrets reconnaissant les « républiques populaires » de Donetsk et Lougansk20 Minutes avec AFP
Même si Vladimir Poutine dit agir pour maintenir « la paix », la recherche d’une issue diplomatique à la crise en Ukraine a fait long feu. Le président russe a en effet ordonné lundi à son armée d’entrer dans les territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine après avoir reconnu leur indépendance.
Deux décrets du président russe, signés après une allocution télévisée, reconnaissent les « républiques populaires » de Donetsk et Lougansk et demandent au ministère de la Défense que « les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix ». De ce déploiement militaire, ni calendrier ni informations sur son éventuelle ampleur n’ont été précisés dans ces documents.
Paris dénonce un « discours paranoïaque »
Dans une longue adresse télévisée, dans laquelle il a laissé apparaître des moments de colère, Poutine a intimé à l’Ukraine de cesser immédiatement « ses opérations militaires » contre les séparatistes, au risque d’assumer « la responsabilité de la poursuite de l’effusion de sang ». Dans sa longue allocution, le président russe a en outre réitéré ses accusations infondées de « génocide » des Russes et russophones d’Ukraine. Sur un ton professoral, il a donné une leçon d’Histoire revisitée par le Kremlin, présentant l’Ukraine comme un pays artificiel et indissociable de la Russie. La présidence française a dénoncé la « dérive idéologique » et le « discours paranoïaque » de Vladimir Poutine.
Deux accords d’entraide entre Moscou et les sécessionnistes, d’une durée de dix ans, doivent être ratifiés par le Parlement russe ce mardi. Ils prévoient le déploiement « des unités militaires russes nécessaires au maintien de la paix dans la région et d’assurer une sécurité durable aux parties ». Ils prévoient aussi « une assistance mutuelle si l’une des parties est la cible d’une attaque » et « la protection en commun » des frontières.
Des sanctions à venir
Ces décisions signent donc la fin d’un processus de paix sous médiation franco-allemande qui, bien que régulièrement violé, avait permis de stopper les affrontements les plus violents de ce conflit ayant fait plus de 14.000 morts depuis son déclenchement en 2014, après l’annexion de la Crimée par Moscou. Par ailleurs, les Etats-Unis ont estimé à plusieurs reprises que Moscou pouvait lancer une opération de conquête pour prendre Kiev par la force.
Les Etats-Unis, l’Union européenne, comme l’Otan et Londres, ont dénoncé la décision du président russe et évoqué des sanctions. Joe Biden a ainsi réaffirmé à son homologue ukrainien « l’engagement des Etats-Unis » au respect de « l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et promis des mesures « rapides » et « résolues ». La présidence française a pour sa part annoncé des sanctions prochaines de l’UE visant des entités et des individus russes. Et le Premier ministre britannique Boris Johnson veut décider ce mardi d’un « important paquet de sanctions ».