Boire ou faire campagne, il faut choisir. Le dirigeant de gauche et actuel favori à la présidentielle de mai en Colombie s’est excusé mardi pour un discours prononcé la veille sous l’influence de l’ alcool et qui a suscité les critiques et railleries de ses adversaires.

« Il est vrai qu’avec la fatigue du voyage en Europe (la semaine dernière) et le décalage horaire, je n’ai pas bien supporté l’alcool consommé en privé avant le meeting de Girardot », a déclaré Gustavo Petro, au lendemain d’une réunion électorale tenue dans cette ville à 80 km au sud-ouest de Bogota. « Je m’excuse auprès de ceux qui ont assisté à l’événement, un engagement que j’avais promis d’honorer malgré ma fatigue », a-t-il expliqué sur Twitter.

Une élocution abrupte

Dans la vidéo de son discours, largement relayée sur les réseaux sociaux colombiens, l’actuel sénateur de gauche, qui fut membre d’une guérilla d’extrême-gauche, proclame : « Que les drapeaux rouges soient à nouveau hissés, que cette ville soit à nouveau appelée la capitale rouge de la Colombie ! ».

Et de s’en prendre aux électeurs locaux qui ont voté en faveur de l’ex-président de droite Alvaro Uribe (2002-2010) puis de l’actuel chef de l’Etat conservateur Ivan Duque. « Comment pouvez-vous faire cela (lever les drapeaux rouges) si vous avez voté pour Uribe, si vous avez voté pour Duque ? (…) La réalité a été la destruction économique du territoire (…) la réalité a été de condamner la population du Girardot à la pauvreté », a-t-il lancé d’une élocution abrupte, avec des gestes saccadés.

Critiques des autres candidats

« Certains politiciens s’enivrent du pouvoir, d’autres semblent l’avoir déjà fait… Pouvez-vous imaginer ce que serait Petro Gustavo à la présidence ? », a ironisé sur Twitter le candidat de droite et fidèle d’Alvaro Uribe, Oscar Ivan Zuluaga. « On dit que les ivrognes disent la vérité. "Que les drapeaux rouges soient à nouveau levés", nous dit Gustavo Petro, ivre de pouvoir. Des doutes sur ce qui se passerait en Colombie s’il venait à gagner ? », a fustigé la sénatrice et représentante de la droite dure Maria Fernanda Cabal, qui agite régulièrement l’épouvantail « communiste » à propos du leader de gauche.

Gustavo Petro, 61 ans, est actuellement en tête des sondages pour l’élection présidentielle dans une Colombie qui a toujours été historiquement dirigée par la droite. Le premier tour aura lieu le 29 mai. Il était la semaine dernière en Europe, une tournée au cours de laquelle il a notamment rencontré en audience privée le pape François.