La Pologne accuse l’Allemagne de tenter de transformer l’Union européenne en un « 4e Reich »
DIPLOMATIE (OU PAS)•Selon Jaroslaw Kaczynski, le terme du 4e Reich allemand « n’a rien de négatif » et fait référénce au Saint Empire romain germanique20 Minutes avec AFP
Le chef de file du pouvoir national-populiste polonais, Jaroslaw Kaczynski, a accusé l’Allemagne de tenter de transformer l’Union européenne en un « 4e Reich allemand » fédéraliste, dans une interview publiée ce vendredi. Il est des pays qui « ne sont pas enthousiastes à la perspective de bâtir un 4e Reich allemand sur la base de l’UE », a déclaré le président du parti Droit et Justice (PiS), au quotidien polonais d’extrême-droite GPC.
Selon Jaroslaw Kaczynski, qui est aussi vice-Premier ministre chargé de la Sécurité nationale, le terme du 4e Reich allemand « n’a rien de négatif, ne s’agissant pas du 3e Reich (nazi) mais du premier », donc du Saint Empire romain germanique.
« Une soumission moderne »
Lors de la récente visite du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz en Pologne, son homologue polonais a qualifié d'« utopique et donc dangereux », le soutien du gouvernement de coalition allemand à un plus grand fédéralisme de l’Union européenne. Selon Jaroslaw Kaczynski, considéré généralement comme « le cerveau » de tout changement important en Pologne, « si nous, Polonais, étions d’accord à une telle soumission moderne, nous serions dégradés de différentes manières ».
Et d’attaquer la Cour de justice de l’UE (CJUE) qui, selon lui, est « l’instrument de base utilisé » pour imposer les idées fédéralisatrices. La CJUE « peut interpréter le droit européen et en tirer des conclusions carrément usurpatrices. Et elle le fait », a estimé Jaroslaw Kaczynski.
Bruxelles a lancé une procédure d’infraction contre la Pologne
Bruxelles est engagée dans un long et profond bras de fer avec Varsovie, notamment à propos des réformes judiciaires lancées par le PiS au pouvoir depuis 2015. Ces réformes, accusées de saper l’indépendance des juges, ont valu à la Pologne plusieurs condamnations par la CJUE.
Sous influence des national-populistes, le Tribunal constitutionnel polonais a déjà contesté en juin l’autorité de la Cour de justice de l’UE, et, en octobre, a remis en question la primauté du droit européen sur le droit polonais. Mercredi, Bruxelles a lancé une procédure d’infraction contre la Pologne à la suite de ces arrêts du Tribunal constitutionnel, soulignant que ce dernier « ne répondait plus aux exigences d’un tribunal indépendant et impartial établi par la loi, comme l’exige le traité ».