DIPLOMATIEBiden menace Poutine de sanctions en cas «d’escalade militaire» en Ukraine

Ukraine : Biden menace Poutine de sanctions en cas « d’escalade », avec le gazoduc Nord Stream comme « levier »

DIPLOMATIELes deux présidents se sont entretenus pendant deux heures, alors que Moscou est accusé de masser des troupes à la frontière ukrainienne
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’était un entretien sous haute tension. Joe Biden et Vladimir Poutine ont eu mardi un échange de deux heures, avec pour principal enjeu la crainte d’un conflit en Ukraine. Joe Biden a dit à Vladimir Poutine que les Etats-Unis et leurs alliés « répondraient avec de fortes mesures économiques, parmi d’autres, en cas d’escalade militaire », selon un communiqué publié dans la foulée par la Maison Blanche.

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Dans la foulée, le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan a averti que Washington était prêt à utiliser le gazoduc Nord Stream, par lequel la Russie veut fournir l’Europe en gaz naturel, comme « levier » de dissuasion. Notant que ce gazoduc n’était pas encore en fonctionnement, il a averti : « Si Vladimir Poutine veut que le futur Nord Stream II transporte du gaz, il ne prendra peut-être pas le risque d’envahir l’Ukraine ».

Moscou demande des garanties sur le non-élargissement de l’Otan

De son côté, Vladimir Poutine a dénoncé le potentiel militaire croissant de l’Otan aux frontières de la Russie lié à son soutien à l’Ukraine et a demandé des « garanties » sur le non-élargissement de l’alliance vers l’Est. « L’Otan fait des tentatives dangereuses d’user du territoire ukrainien et développe son potentiel militaire à nos frontières, c’est pourquoi la Russie a un intérêt sérieux à des garanties juridiques sûres excluant un élargissement de l’Otan à l’Est », a écrit le Kremlin dans un communiqué, après un entretien « franc et professionnel ».

Joe Biden n’a pas fait de « promesses ni de concessions » sur la question d’une éventuelle adésion de l’Ukraine à l’Otan, a répondu Jake Sullivan.

Dans un geste d'apaisement, Vladimir Poutine a proposé à Joe Biden de lever toutes les mesures de rétorsion visant les missions diplomatiques de leurs deux pays prises ces derniers mois en pleines tensions entre les Etats-Unis et la Russie. «La partie russe a proposé de faire table rase de toutes les restrictions accumulées concernant le fonctionnement des missions diplomatiques, ce qui pourrait permettre de normaliser d'autres aspects des relations bilatérales» russo-américaines, a déclaré le Kremlin dans un communiqué.

Front uni de l’Occident

Accusés de faire cavalier seul lors du retrait d’Afghanistan et de mener certains dossiers internationaux sans trop d’égards pour leurs alliés, les Etats-Unis insistent lourdement sur leur étroite coordination avec les Européens et les Ukrainiens. Joe Biden téléphonera ainsi mardi au président français Emmanuel Macron, à la chancelière allemande Angela Merkel, et aux Premiers ministres italien Mario Draghi et britannique Boris Johnson après son échange avec Vladimir Poutine.

Il avait déjà parlé à ces mêmes alliés lundi et convenu de rester « en contact étroit ». Joe Biden doit également, dans les jours qui viennent, rendre compte de la conversation au président ukrainien Volodymyr Zelensky, avait annoncé l’exécutif américain lundi. L’espoir du président américain d’établir une relation « stable » et « prévisible » avec la Russie, exprimé en juin lors d’un sommet en personne entre les deux hommes à Genève, semble avoir vécu, au moins pour le moment.

Moscou dément tout projet d’invasion

Washington, l’Otan et Kiev accusent Moscou de masser des troupes à la frontière avec l’Ukraine en vue d’attaquer le pays. Le scénario rappelle 2014 et l’annexion russe de la péninsule de Crimée, puis le déclenchement dans l’est ukrainien d’un conflit armé qui a fait plus de 13.000 morts.

Le Kremlin dément tout projet d’invasion. Et Moscou reproche à Washington de négliger ses propres préoccupations : l’activité accrue des pays de l’Otan en mer Noire, la volonté ukrainienne de rejoindre l’alliance atlantique et l’ambition de Kiev de s’armer auprès de l’Occident. « La Russie n’a jamais eu l’intention d’attaquer qui que ce soit mais nous avons des lignes rouges », a assuré lundi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Beaucoup d’observateurs, en Europe et aux Etats-Unis, pensent que Vladimir Poutine bluffe avec le déploiement de forces aux frontières de l’Ukraine, mais peu écartent complètement l’hypothèse d’une attaque. Si Moscou devait passer à l’acte, un haut responsable de la Maison Blanche a prévenu que les Etats-Unis « répondraient favorablement » à une demande de présence militaire américaine accrue en Europe de l’Est et soutiendraient davantage l’armée ukrainienne.