Brésil : A Paris pour rencontrer Macron, Lula en profite pour critiquer Bolsonaro
EN CAMPAGNE•L’ancien chef de l’Etat s’est dit « prêt » à se présenter à la présidentielle d’octobre 2022. Sa tournée d’une semaine en Europe le fait passer par Bruxelles, Berlin, Paris et Madrid20 Minutes avec AFP
Même depuis l’étranger, Luiz Inacio Lula da Silva veut faire comprendre qu’il est en campagne pour reprendre les rênes de son pays. Avant de rencontrer ce mercredi Emmanuel Macron, l’ancien président brésilien a accusé mardi à Paris l’actuel chef de l’Etat Jair Bolsonaro de « détruire » le Brésil.
« Le pays est en train d’être détruit, le pays a besoin d’être reconstruit », a déclaré Lula, 76 ans, qui avait assuré lundi être « prêt » à se présenter à la présidentielle d’octobre 2022, pour laquelle il est donné grand favori contre le président actuel. « C’est le peuple brésilien qui va pouvoir destituer démocratiquement [Bolsonaro]. Ça suffit, basta. Ce pays mérite mieux », a-t-il poursuivi sous les applaudissements de 400 personnes venues l’écouter à Sciences Po Paris.
Le Brésil est diplomatiquement isolé, selon Lula
« Ce gouvernement a mis le Brésil au dos du monde et c’est le peuple brésilien qui en souffre », a-t-il encore critiqué, dénonçant « l’isolement politique et diplomatique du Brésil ». « Personne n’investit au Brésil », a poursuivi Lula, car Jair Bolsonaro « est grossier avec les femmes, n’aime pas les Noirs, brûle la forêt, parce qu’il est violent envers le peuple autochtone ».
L’annonce officielle de la candidature de Lula est très attendue depuis qu’il est redevenu éligible à la faveur d’une décision de la Cour suprême ayant annulé ses condamnations pour corruption pour vice de forme. Si l’ancien syndicaliste se présente, ce sera sa sixième campagne présidentielle, pour tenter de briguer un troisième mandat après avoir dirigé le pays de 2003 à 2010.
Discussions autour du traité de libre-échange
Lula effectue cette semaine une tournée européenne passant par Bruxelles, Berlin, Paris et Madrid. Avant Emmanuel Macron, il s’est entretenu lundi avec Olaf Scholz, le probable futur chancelier allemand. L’ex-président a également annoncé une discussion avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. L’objectif de ces rencontres est « l’avenir d’un accord entre l’UE et l’Amérique latine », a-t-il expliqué, sans toutefois citer le traité de libre-échange conclu en juin 2019, après vingt ans de négociations, entre l’Europe et les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).
« On ne veut pas exporter simplement du soja, du maïs ou du minéral de fer », a-t-il regretté. L’Amérique Latine veut « s’industrialiser » et « exporter des produits manufacturés avec plus de valeur » ajoutée. Négocié par la Commission européenne, ce traité ne sera entériné qu’après avoir été ratifié par les Parlements des 27 Etats membres. Certains pays, dont la France et l’Allemagne, y sont réticents, doutant en particulier de l’engagement du Brésil à protéger l’environnement, déforestation et incendies s’étant multipliés en Amazonie sous Jair Bolsonaro.