AFFRONTEMENTSGrenades lacrymogènes sur des manifestants anti-putsch à Khartoum

Soudan : Grenades lacrymogènes sur des manifestants anti-putsch à Khartoum

AFFRONTEMENTSDepuis la dissolution le 25 octobre par le général Abdel Fattah al-Burhane de l'ensemble des institutions du pays et l'arrestation de civils, la rue est entrée en résistance
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Au premier jour d'une nouvelle campagne de désobéissance civile contre l'armée, seule aux manettes depuis son putsch du 25 octobre, les forces de sécurité soudanaises ont dispersé des manifestants, ce dimanche, avec des grenades lacrymogènes, ont rapporté des témoins.

Des dizaines d’enseignants avaient convergé dans la matinée vers le ministère de l’Education « pour une protestation silencieuse », a expliqué l’un d’eux. « La police est arrivée et a tiré des grenades lacrymogènes sur nous », a ajouté Mohammed al-Amine, professeur de géographie.

« Pas de dialogue, pas de négociation, pas de partenariat »

Dimanche, les prodémocratie ont entamé dimanche deux jours de désobéissance civile pour faire plier l’armée, seule aux manettes depuis son putsch du 25 octobre. Depuis la dissolution ce jour-là par le général Abdel Fattah al-Burhane de l’ensemble des institutions du pays et l’arrestation de la quasi-totalité des civils avec lesquels il partageait le pouvoir, la rue est entrée en résistance. Tôt dimanche, des jeunes empilaient briques et pavés pour bloquer les routes de la capitale, ont constaté des journalistes, tandis que des magasins étaient fermés. « Il y a moins de mouvement dans les rues, mais le blocage n’est pas total », rapporte un témoin à Omdourman, ville jumelle de Khartoum.

De « grève générale » en manifestations monstres, les Soudanais veulent se faire entendre. Car à huis clos, loin de la rue, les négociations se poursuivent entre militaires, dirigeants civils et médiateurs locaux ou internationaux pour trouver une solution à la crise. Jusqu’ici elles n’ont toutefois mené ni à la formation d’un nouveau gouvernement, ou au retour de celui démis brutalement par le général Burhane, ni même à l’adoption d’une position claire sur la reprise ou non de la transition démocratique lancée à la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019. Pour les syndicats et autres associations à la pointe de la « révolution » anti-Béchir, la ligne est claire : « Pas de dialogue, pas de négociation, pas de partenariat », clament-ils dans des communiqués diffusés par SMS, Internet étant bloqué depuis 14 jours.

Suspension de l’Union africaine

En 2019, haut gradés et civils prodémocratie avaient décidé de gérer ensemble la transition mais pour de nombreuses voix aujourd’hui ce partenariat est impensable après le putsch. Le Premier ministre Abdallah Hamdok, en résidence surveillée, et ses rares ministres en liberté continuent de plaider le retour à l’avant 25 octobre ; mais l’armée, elle, veut un nouveau gouvernement plus enclin à sauvegarder ses intérêts politiques et économiques, estiment des experts.

Des négociateurs de la Ligue Arabe, du Soudan du Sud, de l’ONU multiplient les rencontres avec les deux camps, mais leur tâche est compliquée : le représentant de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, s’est indigné jeudi de voir que des politiciens civils venus le rencontrer à son QG avaient été arrêtés par l’armée à son pas-de-porte. Le coup d’Etat et la répression qui a tué 14 manifestants selon des médecins ont déjà valu au Soudan sa suspension de l’Union africaine et des coupes considérables dans l’aide internationale.