Allemagne : Les négociations pour la formation d’une coalition commencent
AMPEL•Une semaine après les élections qui ont vu la victoire des sociaux-démocrates, les partis se mettent autour de la table20 Minutes avec AFP
Après les élections, les tractations : les sociaux-démocrates, arrivés en tête, et les conservateurs d’Angela Merkel, tombés à un niveau historiquement bas, entament ce dimanche des pourparlers séparés pour tenter de bâtir une coalition et conquérir la chancellerie allemande. L’enjeu est de taille pour la première économie européenne, qui garde un souvenir amer des précédentes négociations de coalition en 2017, qui avaient duré des mois et provoqué une paralysie de l’Union européenne.
Le SPD d’Olaf Scholz, en pole position pour tenter de former le prochain attelage au pouvoir après sa courte victoire, rencontrera dimanche tour à tour les libéraux du FDP et les Verts, les deux partis faiseurs de chancelier. L’objectif d’Olaf Scholz est clair : succéder à Angela Merkel à la chancellerie, à la tête d’une coalition du « feu tricolore » avec ces deux formations. « Il est clair dans tous les sondages que les gens ne veulent pas que la CDU-CSU fasse partie du prochain gouvernement », a résumé samedi le nouvel homme fort de la social-démocratie allemande dans l’hebdomadaire Der Spiegel, qui le présente en une comme le probable futur chancelier.
Les sondages largement en faveur d’Olaf Scholz
Mais l’union conservatrice CDU-CSU, bien que passée pour la première fois depuis 1949 sous la barre des 30 %, n’a pas dit son dernier mot. Les chrétiens-démocrates de l’impopulaire Armin Laschet mèneront ainsi des pourparlers avec les libéraux ce dimanche, avant de rencontrer les « Grünen » mardi. L’opinion publique semble pourtant avoir clairement tranché en faveur du SPD et de son chef de file, actuel ministre des Finances du gouvernement de grande coalition. Près de six Allemands sur dix (59 %) souhaitent ainsi une coalition du « feu tricolore » entre SPD, Verts et FDP, selon un sondage pour la chaîne publique ZDF. Pour trois quarts des personnes interrogées, Olaf Scholz doit être le prochain chancelier. Seuls 13 % penchent pour Armin Laschet.
Les discussions s’annoncent cependant ardues avec ces deux partis. Les libéraux ne cachent pas qu’ils auraient préféré traiter avec les conservateurs. Mais quatre ans après avoir renoncé à s’entendre avec Angela Merkel, ils semblent cette fois prêts à faire des concessions. Les Verts eux aussi sont prêts à lâcher du lest pour former un « gouvernement progressiste » avec le SPD. Les deux partis, arrivés en tête chez les jeunes électeurs, sont également en phase pour réclamer la suppression de la criminalisation de la publicité pour l’avortement, à laquelle sont attachés les conservateurs. Dans ce contexte, le co-président du SPD, Norbert Walter-Borjans s’est voulu optimiste samedi : « Nous pourrions entamer des négociations formelles de coalition en octobre et les conclure d’ici décembre. »
Mais les conservateurs rechignent à tirer un trait sur le pouvoir après l’avoir exercé sans discontinuer depuis 2005. Dans le parti d’Angela Merkel, l’heure semble cependant être aux règlements de compte et querelles d’ego. Armin Laschet, dont l’image a été un peu plus abîmée par sa réticence à reconnaître sa défaite, semble de plus en plus menacé. Friedrich Merz, ennemi intime d’Angela Merkel et candidat malheureux à la présidence de la CDU en début d’année, s’est d’ores et déjà dit prêt à diriger un parti « devenu paresseux dans sa façon de penser ».