Josef Fritzl pourrait connaître le verdict dès jeudi
AUTRICHE•Il a été confronté ce mardi au témoignage vidéo de sa fille Elisabeth...Avec agence
«Un martyre inimaginable.» Ce sont les termes employés par la Procureure Christiane Burkheiser pour décrire ce qu'a subi Elisabeth, la fille de Josef Fritzl. Le père incestueux l'a séquestrée et violée pendant vingt-quatre ans dans sa cave aménagée en cachot. Après avoir été confronté ce mardi à son témoignage vidéo, au deuxième jour de son procès devant la Cour d'assises de Sankt-Pölten, près de Vienne (Autriche), il pourrait connaître le verdict dès jeudi, selon le porte-parole de la Cour, Franz Cutka. Ce dernier a toutefois refusé de révéler le moindre détail sur l'attitude de Fritzl, 73 ans, lors de ce visionnage ou les éventuelles questions sur ce témoignage.
Les onze heures d'enregistrement de la déposition d'Elisabeth constituent le principal témoignage des victimes mis à la disposition des jurés. Il a été visionné par petits bouts. La jeune femme a été séquestrée dans un cachot de 40 m2 sans fenêtres ni ventilation où elle a mis au monde, seule, sept enfants de l'inceste dont l'un est mort deux jours après sa naissance.
>>> Retrouvez tous nos articles sur l'affaire Josef Fritzl en cliquant ici.
Au sein de la famille Fritzl, seul l'un des frères d'Elisabeth, Harald, a accepté de livrer lui aussi un témoignage filmé, plus bref, d'une durée d'environ une heure, selon le porte-parole du Tribunal Franz Cutka. Tous les autres membres de la famille, y compris l'épouse de l'accusé, et les six enfants de l'inceste, ont refusé de témoigner, comme le code pénal autrichien les y autorise.
Pour appuyer l'accusation de meurtre, passible de la prison à vie, le Tribunal a entendu mardi l'exposé d'un expert en néo-natalogie. Le Procureur impute en effet à l'accusé la responsabilité de la mort en 1996, dans la cave-cachot de la demeure familiale à Amstetten, à 130 km à l'ouest de Vienne, deux jours après sa naissance, d'un nourrisson auquel il avait, selon sa fille, refusé des soins extérieurs.
Le procès se poursuivra mercredi matin à partir de 9h en présence des 95 journalistes autorisés à le suivre, avec un exposé de la psychiatre Adelheid Kastner. Dans son rapport, dont des extraits ont filtré dans la presse, elle conclut à la responsabilité pénale de l'accusé tout en soulignant qu'il souffre de troubles graves de la personnalité. Ses conclusions pourraient jouer un rôle-clé dans le verdict final. Un psychothérapeute a été désigné pour l'aider Josef Fritzl, afin d'éviter qu'il ne développe des envies suicidaires, a annoncé ce mardi un responsable pénitentiaire.
Toujours caché derrière un classeur
«Josef Fritzl a déjà tout dit», a affirmé son avocat, Rudolf Mayer, interrogé par l'AFP peu avant l'ouverture de l'audience, laissant entendre que son client s'abstiendrait d'intervenir mardi dans les débats. Il a aussi indiqué que Fritzl n'avait pas arrêté de «stratégie» particulière pour se défendre lors du procès qui se poursuivra à huis clos, procédure habituelle pour assurer la protection des victimes.
Comme la veille, Fritzl a maintenu son visage caché par un grand classeur bleu devant les caméras de la chaîne de télévision publique autrichienne ORF, la seule autorisée à filmer l'entrée de la salle 119 de la Cour. L'accusé a toutefois pu être photographié pour la première fois de face mardi,
Lundi, il avait plaidé coupable d'inceste, de viols, séquestration et menaces, mais avait récusé les chefs d'accusation de meurtre et esclavage.