Pour les viticulteurs français, le rosé, ce n'est pas du blanc et du rouge mélangés
VIN•Un projet de réforme européen les inquiète...Avec agence
«N'ayez pas peur.» La Commission européenne a indiqué mercredi «réfléchir» aux moyens de prendre en compte les préoccupations de producteurs français de vin rosé qui s'estiment menacés par un projet de réforme du secteur dans l'UE autorisant le coupage du blanc et du rouge pour les vins de table.
«Nous sommes conscients des préoccupations des producteurs de certaines régions, comme ceux de Provence, et des préoccupations du ministre (français de l'Agriculture Michel Barnier) et nous réfléchissons» aux moyens d'y répondre, a indiqué à l'AFP le porte-parole de l'exécutif européen pour les questions agricoles, Michael Mann. Sans toutefois dire concrètement quelle forme cela pourrait prendre.
Raisins rouges dont la pulpe et la peau sont macérées
Selon les professionnels de la filière viticole française, ce projet s'il était définitivement adopté, mettrait en péril plusieurs dizaines de milliers d'emplois en France, en particulier en Provence, grande productrice de rosés traditionnel, sans coupage.
Ils considèrent le coupage du blanc et du rouge (beaucoup de blanc et un peu de rouge) pour fabriquer du rosé comme une hérésie. Le rosé «authentique» est pour eux produit à partir de raisins rouges dont la pulpe et la peau sont macérées durant une brève période.
Vote définitif le 27 avril
Certains professionnels ont suggéré d'introduire par exemple un étiquetage spécifique pour les rosés français, du type «rosé traditionnel» pour bien les démarquer des vins qui seraient le résultat de simples mélanges de vins blanc et rouge. Une autre possibilité pourrait être de retarder la mise en place de la réforme.
Cette réforme est aujourd'hui en passe d'être mise en oeuvre. Le 27 janvier dernier, les experts des pays de l'UE ont adopté lors d'un vote préliminaire la réforme sur le coupage, qui consiste à autoriser les mélanges blanc et rouge pour le vin de table. Et la France a voté en faveur de ce coupage, selon une source européenne. Une vote définitif doit intervenir le 27 avril en principe, après un avis attendu de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la réforme.