Accusé de harcèlement sexuel et accablé par une enquête, le gouverneur de New York lâché par Joe Biden et Nancy Pelosi
ETATS-UNIS•Andrew Cuomo, qui s’arc-boute, pourrait faire face à la menace d’une destitution20 Minutes avec AFP
Acculé, il rejette en bloc les accusations de harcèlement sexuel de 11 femmes étayées par un rapport indépendant accablant et refuse de démissionner. Célébré lors de la pandémie de Covid-19, le gouverneur de New York Andrew Cuomo se trouve de plus en plus isolé et pourrait faire face à la menace d’une destitution. Mardi après-midi, Nancy Pelosi et Joe Biden l’ont appelé à démissionner.
Les conclusions d’une enquête indépendante présentées mardi par la procureure de l’Etat de New York, Letitia James, sont en effet implacables. Selon ce rapport de 168 pages, Andrew Cuomo a « harcelé sexuellement plusieurs femmes et, ce faisant, a violé la loi fédérale et celle de l’Etat ». Interrogée pour savoir s’il devait démissionner, James a répondu : « La décision appartient au gouverneur de l’Etat de New York ». « Le rapport parle de lui-même », a-t-elle poursuivi, précisant néanmoins que l’affaire était « de nature civile et n’avait pas de conséquences au niveau criminel ».
Andrew Cuomo persiste dans son démenti
Peu après cette intervention, Andrew Cuomo a réaffirmé qu’il rejetait les accusations. « Avant tout, je veux que vous sachiez, et que vous l’entendiez de ma bouche : je n’ai jamais touché quelqu’un de manière inappropriée ou fait des avances sexuelles inappropriées », a-t-il réagi, ne s’exprimant pas sur une possible démission. Il a ajouté qu’il répondait point par point aux accusations dans un document publié sur Internet.
« Baisers et étreintes non désirées », « commentaires inappropriés », gestes déplacés, la liste des actes attribués au gouverneur, en place depuis 2010 et âgé de 63 ans, est longue. Il est notamment accusé d’avoir glissé ses mains sous le chemisier d’une assistante pour toucher sa poitrine, d’avoir caressé la cuisse d’une policière chargée de sa protection et d’avoir posé des questions intimes à une collaboratrice de 25 ans, notamment si elle avait déjà eu des relations sexuelles avec un homme plus âgé.
Selon les conclusions de l’enquête, le gouverneur et des membres de son personnel ont « aussi pris des mesures de représailles à l’encontre d’au moins une employée pour avoir témoigné », sur fond d'« environnement de travail toxique ». « C’était une culture où vous ne pouviez pas dire non au gouverneur », a résumé l’un des deux responsables de l’enquête, Joon Kim
Appels à la démission et possible destitution
Les appels à la démission n’ont pas tardé. « Il doit démissionner », a lancé le maire de New York Bill de Blasio. « Et s’il continue à résister et à attaquer les enquêteurs qui n’ont fait que leur travail, il doit être mis en accusation immédiatement » en vue d’être destitué. Un plus tard, c’est la patronne des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi, qui l’a appelé à démissionner.
Le chef de file des démocrates à la chambre basse de l’Etat de New York, Carl Heastie, qui avait déjà lâché le gouverneur à cause de cette affaire, a jugé que le comportement d’Andrew Cuomo tel que décrit par le rapport n’était « pas digne de quelqu’un qui occupe cette fonction ». Les démocrates, de l’Etat de New York, qui sont largement majoritaires, pourraient décider de lancer une procédure d’impeachment menant à une destitution. Le troisième mandat de Cuomo court jusqu’à la fin 2022.