Haïti : Deux ressortissants américains et des ex-militaires colombiens impliqués dans l’assassinat du président
ENQUETE•La police a annoncé l'arrestation de 15 Colombiens et de deux Américains d'origine haïtienne20 Minutes avec AFP
L’étau se resserre autour des assassins du président haïtien Jovenel Moïse. Jeudi, la police a annoncé l’arrestation de 15 Colombiens et deux Américains d’origine haïtienne, tandis que la controverse montait dans le pays au sujet du rôle de la police et de la légitimité de l’exécutif de transition.
L’assassinat du président Moïse, criblé de balles à son domicile dans la nuit de mardi à mercredi, a été perpétré par un commando armé de 28 assaillants, a annoncé jeudi soir la police du pays lors d’une conférence de presse. « Nous avons arrêté 15 Colombiens et les deux Américains d’origine haïtienne », a indiqué Léon Charles, directeur général de la police haïtienne, précisant que trois Colombiens avaient été tués et que huit autres étaient toujours en fuite. Jusqu’alors, la police avait déclaré avoir tué « quatre mercenaires ». Aau moins six Colombiens impliqués seraient d’ex-militaires, a indiqué le ministre colombien de la Défense.
Lors de la conférence de presse, plusieurs des suspects ont été alignés contre un mur afin de les montrer aux médias, des passeports colombiens et des armes étant disposés sur une table. « Nous avons déjà en main les auteurs physiques et nous sommes à la recherche des auteurs intellectuels », avait-il affirmé plus tôt. Le département d’Etat des Etats-Unis, sans confirmer l’arrestation de ressortissants américains, a annoncé jeudi avoir accepté d’aider la police haïtienne dans le cadre de l’enquête. Le commando était composé de tueurs à gages « professionnels » s’étant fait passer pour des responsables de l’agence américaine antidrogue, selon l’ambassadeur haïtien aux Etats-Unis.
Deux responsables policiers sur la sellette
Au moins deux hauts responsables policiers, directement chargés de la sécurité du chef de l’Etat, sont eux-mêmes sur la sellette et ont été convoqués devant la justice, a annoncé jeudi le chef du parquet de Port-au-Prince. Me Bed-Ford Claude, le commissaire du gouvernement de la capitale s’est en effet interrogé sur l’apparente passivité – ou l’absence de réaction – des agents chargés de veiller à la sécurité de Jovenel Moïse.
Dans le pays, chacun restait jeudi aux aguets, les magasins, les banques commerciales, les pompes à essence et les petits commerces de la principale métropole haïtienne gardant porte close. Le gouvernement a demandé jeudi la réouverture de l’aéroport, qui devrait être effective vendredi, et appelé à la reprise de l’activité économique.
Deux hommes prétendent diriger le pays
Cette attaque déstabilise encore davantage le pays le plus pauvre des Amériques, gangrené par l’insécurité. Et aux questions sur la traque des auteurs de l’attaque viennent s’ajouter celles sur l’avenir du pays, à commencer par sa gouvernance.
Deux hommes prétendent actuellement diriger la nation de 11 millions d’habitants, dont plus de la moitié a moins de 20 ans. L’un des derniers gestes politiques de Jovenel Moïse, mort à 53 ans, avait en effet été de nommer lundi un nouveau Premier ministre, Ariel Henry. Celui-ci n’avait pas encore pris ses fonctions. Mais, quelques heures après son assassinat, c’est le Premier ministre par intérim, Claude Joseph, qui a décrété l’état de siège, octroyant des pouvoirs renforcés à l’exécutif. Ce dernier est censé durer quinze jours. L’opposition politique a aussi accusé Claude Joseph d’accaparer le pouvoir.