Les auteurs de la cyberattaque contre Kaseya réclament 70 millions de dollars en bitcoins
RANCON•En échange de la rançon, les hackeurs promettent de rétablir tous les systèmesJ.-L.D. avec AFP
De nombreuses entreprises dans le monde restaient affectées ce lundi par une cyberattaque massive, frappant depuis ce vendredi des clients de la société informatique américaine Kaseya et pour laquelle des hackers demandent une rançon de plusieurs millions de dollars.
La plupart des 800 magasins d’une des principales chaînes de supermarchés en Suède restaient ainsi fermés ce lundi, trois jours après avoir été touchés par cette attaque qui a bloqué le fonctionnement des caisses enregistreuses. « La majorité de nos magasins restent fermés », a fait savoir Kevin Bell, un porte-parole de Coop Suède, soulignant que la situation semblait « plus positive » que la veille en vue d’un retour à la normale.
Le FBI mène son enquête
Des hackers ont attaqué la société américaine Kaseya vendredi, juste avant un week-end prolongé aux Etats-Unis, en exploitant une faille de son logiciel de gestion informatique, utilisé par de nombreuses entreprises clientes. Le cabinet spécialisé en cybersécurité Huntress Labs a affirmé samedi que le logiciel piraté « a été utilisé pour crypter plus de 1.000 entreprises » auxquelles les hackers réclament le paiement d’une rançon (attaque dite au rançongiciel ou « ransomware »).
Le FBI a ouvert une enquête et travaille avec l’Agence américaine de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA) et d’autres agences « pour comprendre l’ampleur de la menace », mais celle-ci est telle qu’il pourrait s’avérer impossible de répondre à toutes les victimes individuellement, a-t-il averti dimanche.
Rançon contre décryptage
Selon plusieurs experts, l’attaque a été menée par un affilié au groupe de hackers russophones connu sous le nom de REvil. Une revendication publiée sur le blog du darknet « Happy Blog », associé dans le passé à REvil, réclame le paiement d’une rançon de 70 millions de dollars en bitcoins.
Les hackers promettent en échange de diffuser « publiquement un décrypteur qui décrypte les fichiers de toutes les victimes, afin que tout le monde puisse se remettre de l’attaque en moins d’une heure » après paiement de la rançon. Le président américain Joe Biden a indiqué samedi avoir ordonné une enquête, notamment pour déterminer si l’attaque venait ou non de Russie. Pour l’instant, « nous ne sommes pas encore sûrs », avait-il alors déclaré.
Travail 24 heures sur 24 pour régler le problème
Basée à Miami, Kaseya vend des outils informatiques aux entreprises, dont le logiciel VSA destiné à gérer des réseaux de serveurs, ordinateurs et imprimantes depuis une seule source. Elle revendique plus de 40.000 clients. Selon Kaseya, « seuls un très petit nombre de clients utilisant le logiciel sur leurs appareils » auraient été affectés. L’entreprise évaluait vendredi ce chiffre à moins de 40 clients. Mais certains d’entre eux ont eux-mêmes de nombreux clients et l’attaque s’est rapidement démultipliée.
Dans un nouveau message ce dimanche, l’entreprise a souligné qu’elle travaillait 24 heures sur 24, « dans toutes les zones géographiques », pour résoudre le problème et restaurer le service. Elle devait tenir une réunion dans la nuit de dimanche à lundi pour décider si elle rétablissait dès ce lundi l’activité pour les clients utilisant son logiciel à distance. Kaseya continue parallèlement à travailler à un remède pour les clients utilisant son logiciel directement sur leurs appareils.
Des attaques de plus en plus fréquentes
Kaseya a embauché la firme spécialisée dans la cybersécurité FireEye Mandiant IR pour l’aider à gérer la crise. La société de sécurité informatique ESET Research avait, samedi, identifié des victimes dans 17 pays à travers le monde. L’assaut a débuté vendredi, « alors que de nombreuses entreprises avaient du personnel déjà en congé ou se préparant pour un long week-end », a souligné dans un message Sophos.
Les attaques par rançongiciel sont devenues fréquentes et les Etats-Unis ont été particulièrement frappés ces derniers mois par des assauts touchant aussi bien des grandes entreprises comme le géant de la viande JBS ou le gestionnaire d’oléoducs Colonial Pipeline, que des collectivités locales et des hôpitaux.