DIPLOMATIEL’UE discute des sanctions contre Minsk après le détournement d’un avion

Biélorussie : L’Union européenne discute des sanctions contre Minsk après le détournement d’un avion

DIPLOMATIELes dirigeants européens vont discuter lundi soir de nouvelles sanctions contre la Biélorussie
Benjamin Chapon

B.Ch. avec AFP

Quelle sera la riposte de l’UE à Minsk ? Les dirigeants européens vont discuter lundi soir de nouvelles sanctions contre la Biélorussie après l’interception d’un avion reliant Athènes à Vilnius et l’arrestation d’un militant d’opposition qui ont suscité une vague d’indignation.

Le sommet des 27 prévu jusqu’à mardi en présentiel à Bruxelles devait être consacré aux tensions avec la Russie, aux relations avec le Royaume-Uni post-Brexit, en passant par la reprise du tourisme en prévision des vacances d’été et la coordination face au Covid-19, ainsi qu’à la lutte contre le réchauffement climatique.

Mais le déroutement forcé du Boeing 737-800 de la compagnie Ryanair faisant la liaison entre deux pays membres de l’UE et de l’Otan, et qui transportait de nombreux ressortissants européens, s’est imposé au programme.

Sanctions à l’étude

« L’incident ne restera pas sans conséquences », a averti le président du Conseil, Charles Michel, chef d’orchestre du sommet, appelant à une enquête de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), organisme rattaché à l’ONU. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prôné des sanctions contre les responsables de ce comportement « scandaleux et illégal ». Le chef de la diplomatie Josep Borrell, dans une déclaration au nom des 27, a aussi évoqué des sanctions et réclamé une enquête internationale sur « la violation des règles » du transport aérien.

La France, comme la Lituanie, a suggéré une « interdiction de l’espace aérien » de la Biélorussie. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a parlé de « terrorisme d’Etat », Dublin et Paris dénonçant un acte de « piraterie ». La Belgique a souhaité que la compagnie biélorusse Belavia ne soit plus autorisée à atterrir dans l’UE. L’Otan, qui veut une « enquête internationale », doit réunir mardi ses ambassadeurs.

La Biélorussie se défend

Les accusations européennes ont été rejetées comme « sans fondement » par la Biélorussie, qui a assuré avoir agi dans la légalité en interceptant ce vol commercial après une alerte à la bombe finalement mensongère.

Moscou, allié et seul soutien du président biélorusse Alexandre Loukachenko, a jugé « choquantes » les réactions des Européens, relevant que les Etats occidentaux se sont par le passé rendus coupables « d’enlèvements, d’atterrissages forcés et d’arrestations illégales ».

L’opposant biélorusse à bord, Roman Protassevitch, 26 ans, ancien rédacteur en chef de l’influent média d’opposition bélarusse Nexta, a été arrêté dimanche avec sa compagne à la suite de l’atterrissage d’urgence à Minsk. Selon la figure de l’opposition biélorusse en exil en Lituanie, Svetlana Tikhanovskaïa, il risque la « peine de mort », que la Biélorussie est le dernier en Europe à appliquer.

L’OACI a avancé que l’atterrissage forcé « pourrait être une violation de la Convention de Chicago », qui protège la souveraineté de l’espace aérien des nations.

Un régime déjà sanctionné

L’UE se préparait, avant même ces événements, à renforcer les sanctions déjà prises contre le régime biélorusse. Josep Borrell avait indiqué le 10 mai espérer une décision sur un élargissement des mesures « dans les prochaines semaines ». Il devait se traduire par une extension à plusieurs dizaines de personnes de la liste des responsables et entités visés, selon des diplomates.

Le chef de la diplomatie de l’UE devrait encore proposer des mesures après le détournement de l’avion, selon une source diplomatique. L’unanimité des 27 est requise pour des sanctions.

Quelque 88 personnes, dont Alexandre Loukachenko, et sept entités ont déjà été sanctionnées par une interdiction de voyager dans l’UE et un gel des avoirs pour la répression de l’opposition et la présidentielle du 9 août 2020, jugée « truquée » par les Européens.

La Russie dans le jeu

Malgré les sanctions européennes et américaines visant le président biélorusse et de hauts responsables, Loukachenko n’a donné aucun signe de compromis face au mouvement de contestation, renforçant au contraire la répression.


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Les 27 vont également aborder la question du regain de tensions avec Moscou, après les sanctions russes prises fin avril contre des responsables européens en rétorsion à des mesures prises par Bruxelles en mars pour protester contre l’arrestation de l’opposant Alexeï Navalny. Ces sanctions sont intervenues après une série d’expulsions réciproques de diplomates russes et européens, sur fond d’accusations d’espionnage, de cyber-attaques ou d’ingérences dans des élections.

Les dirigeants européens doivent charger Josep Borrell de rédiger un rapport pour établir la stratégie européenne à adopter face à la Russie.