Biélorussie : Minsk déroute un avion transportant un opposant, les Occidentaux furieux
DROITS HUMAINS•La France a dénoncé ce « détournement » et réclamé une « réponse ferme et unie » des 27 Etats membres de l’UE20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Sur ordre du président Loukachenko, la Biélorussie a contraint militairement un avion Ryanair à se poser à Minsk alors qu’il faisait la liaison Athènes-Vilnius.
- Avant de laisser l’avion redécoller, les autorités ont arrêté l’opposant politique Roman Protassevitch présent à bord.
- L’Union européenne doit discuter ce lundi de nouvelles sanctions contre la Biélorussie
- Les Etats-Unis exigent la libération immédiate de l’opposant et réclament une enquête internationale.
La Biélorussie est sous le feu de très vives critiques internationales. Il faut dire que le président Alexandre Loukachenko a personnellement donné l’ordre, selon son service de presse, d’envoyer dimanche un chasseur Mig-29 intercepter dans l’espace aérien du pays un avion de ligne à bord duquel se trouvait un militant de l’opposition. Une fois l’appareil au sol, Roman Protassevitch, ancien rédacteur en chef du média d’opposition Nexta, a été interpellé à Minsk par les services de sécurité du régime.
Le Boeing 737 de Ryanair a ensuite redécollé de la capitale biélorusse à destination de la Lituanie vers 19h15 (heure française), a annoncé sur Twitter la commissaire européenne en charge des Transports, Adina Valean.
Une alerte à la bombe comme motif
L’arrestation de Roman Protassevitch, qui risque la peine de mort selon l’opposition, a été confirmée par Nexta mais aussi par les autorités biélorusses. Le ministère de l’Intérieur a ainsi confirmé dans un premier temps cette information sur Telegram, avant de supprimer ce message. La télévision d’Etat biélorusse a ensuite confirmé l’arrestation à Minsk de l’opposant.
Selon les autorités biélorusses, l’avion, en provenance d’Athènes et avec pour destination Vilnius en Lituanie, a dévié de sa trajectoire à cause d’une « alerte à la bombe ». Nexta a pour sa part affirmé que l’atterrissage d’urgence avait été suscité par une « bagarre » déclenchée par des agents des services de sécurité biélorusses, présents à bord et qui affirmaient qu’un engin explosif se trouvait dans l’appareil.
Un détournement « inacceptable »
Dans un premier temps, la France a réclamé une « réponse ferme et unie » des 27 Etats membres de l’UE. « Le détournement par les autorités biélorusses d’un vol de Ryanair est inacceptable », a écrit le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian sur Twitter. L’ambassadeur de Biélorussie à Paris a par la suite été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Des ressortissants français se trouvaient à bord de l’avion, a par ailleurs indiqué le ministère sans en préciser le nombre. L’Allemagne a également vivement critiqué l’action de Minsk en réclamant une « explication immédiate ».
Du coté de la direction de l’Union européenne, les demandes n’ont cessé pour que l’avion reparte avec « tous » ses passagers. Cette demande a laissé Minsk de marbre puisque, si l’avion a bien redécollé, l’opposant est lui resté aux mains du régime biélorusse. « Il faudra assumer toutes les conséquences de violations des règles internationales du transport aérien », a prévenu Ursuala von der Leyen, présidente de la Commission européenne, tandis que le président du Conseil européen, Charles Michel, a réclamé une enquête de l’Organisation de l’aviation civile internationale.
« Une action extravagante »
Les critiques et menaces ne sont pas arrêtées à l’UE. « Cette action extravagante de Loukachenko aura de graves conséquences », a tweeté le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. Le secrétaire général de l’Otan a pour sa part dénoncé « un incident sérieux et dangereux » et réclamé « une enquête internationale ». Les Etats-Unis ont également réagi dimanche soir en condamnant « fermement le détournement forcé d’un vol entre deux Etats membres de l’UE, et l’exfiltration puis l’arrestation qui ont suivi du journaliste Roman Protassevitch à Minsk ». « Nous exigeons sa libération immédiate », a déclaré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken dans un communiqué. « Cet acte choquant perpétré par le régime Loukachenko a mis en danger la vie de plus de 120 passagers, y compris des citoyens américains », a ajouté le chef de la diplomatie américaine.
Notre dossier sur la Biélorussie
Les menaces diplomatiques devraient continuer en ce début de semaine. Réunis en sommet ce lundi et mardi à Bruxelles, les Vingt-Sept discuteront de « possibles sanctions » contre la Biélorussie, en plus de celles visant déjà le pays et qui ont conduit Alexandre Loukachenko à se rapprocher davantage de son homologue russe, Vladimir Poutine.