La Turquie condamnée pour la détention du journaliste Ahmet Altan

La Turquie sévèrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour la détention du journaliste Ahmet Altan

DROITS DE L'HOMMELa justice turque reproche au journaliste Ahmet Altan d’être en lien avec le mouvement d’un prédicateur islamique, Fethullah Gülen
20 Minutes avec AFP

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La Turquie a été sévèrement condamnée, ce mardi, par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour la détention du célèbre journaliste et écrivain turc, Ahmet Altan, poursuivi pour son implication présumée dans le putsch manqué de 2016.

« Rien ne démontre que les actions du requérant se soient inscrites dans un plan destiné à renverser le gouvernement » turc, soulignent les magistrats européens qui siègent à Strasbourg.

Un autre journaliste détenu

Ceux-ci constatent la violation des dispositions de la Convention européenne des droits de l’Homme sur la liberté d’expression, le « droit à la liberté et à la sûreté » et le « droit de faire statuer à bref délai par un tribunal sur la légalité de la détention ». Dans un arrêt distinct, la CEDH a également condamné Ankara pour la détention de Murat Aksoy un journaliste d’opposition placé en détention quelques semaines après la tentative de putsch du 15 juillet 2016.

« Il n’y avait pas de raisons plausibles de soupçonner Murat Aksoy d’avoir commis une infraction pénale », estime la CEDH. Arrêté une première fois en septembre 2016, Ahmet Altan, 71 ans, avait été condamné à la prison à vie en février 2018 pour « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel », jugement annulé par la cour de cassation, rappelle la CEDH. Rejugé, il avait été condamné en novembre 2019 à 10 ans et demi de prison pour « complicité avec un groupe terroriste ».

Des accusations « grotesques » selon Ahmed Altan

La justice turque lui reproche d’être en lien avec le mouvement d’un prédicateur islamique, Fethullah Gülen, qu’Ankara accuse d’avoir ourdi la tentative de coup d’Etat de juillet 2016 – ce que Fethullah Gülen nie. Ahmet Altan, qui a fondé le journal d’opposition Taraf, s’est notamment fait connaître en dehors de Turquie par son récit de sa vie en prison. Son livre « Je ne reverrai plus le monde » a paru en France aux éditions Actes sud.

Intellectuel respecté en Turquie, il a toujours nié toute implication dans la tentative de coup d’Etat, rejetant des accusations « grotesques ». Il était notamment accusé d’avoir envoyé des « messages subliminaux » lors d’une émission retransmise en direct sur une chaîne pro-Gülen à la veille du putsch manqué, un élément qui a ensuite disparu de l’acte d’accusation.