Etats-Unis : Joe Biden confronté à un afflux de migrants à la frontière avec le Mexique
CRISE•Plus de 100.000 personnes en situation irrégulière ont été arrêtées en février, et les centres d’accueil pour les mineurs non accompagnés sont pleinsP.B. avec AFP
Même si la Maison Blanche refuse d’employer le terme, c’est bien la première crise de l’administration Biden. Les Etats-Unis attendent un flux de migrants historique à leur frontière avec le Mexique et peinent à accueillir les mineurs isolés, a reconnu mardi le ministre américain à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas.
Plus de 100.000 migrants en situation irrégulière ont été arrêtés à la frontière en février, et, même si les flux saisonniers expliquent en partie cette hausse, les républicains accusent le président démocrate d’avoir créé un « appel d’air » en mettant fin à la politique migratoire de Donald Trump.
Vers des chiffres records en plus de 20 ans
« Nous sommes en voie d’avoir plus de personnes à la frontière sud-ouest que nous n’en avons eu au cours des 20 dernières années », a estimé Mayorkas dans un communiqué. La situation « est difficile. Nous travaillons 24 heures sur 24 pour la gérer. »
En février, plus de 100.000 migrants en situation irrégulière ont été arrêtés à la frontière, dont plus de 70.000 adultes seuls, près de 20.000 personnes en famille et 9.457 mineurs isolés. C’est une hausse de 30 % par rapport à février 2019, l’année la plus élevée sous l’administration Trump.
Un centre pour mineurs à 729 % de capacité
L’arrivée croissante de mineurs non accompagnés, dont « certains ont six, sept ans » seulement, pose le problème le plus épineux parce que, contrairement aux adultes, ils ne sont pas renvoyés vers le Mexique ou leur pays d’origine, a souligné le ministre. Les structures d’accueil des gardes-frontières dédiées aux moins de 18 ans « sont bondées » et le ministère de la Santé « n’est pas en capacité d’accueillir les flux d’enfants seuls que nous connaissons », a encore admis Mayorkas.
Selon un rapport interne obtenu par CBS, le centre de Donna, au Texas, était notamment à une capacité de 729 %, avec 1.800 personnes au lieu d’un maximum fixé à 250 avec la pandémie de Covid-19. « Les enfants dorment à tour de rôle par terre », a affirmé une avocate du National Center for Youth Law la chaîne américaine.
Pic saisonnier ou « appel d’air » ?
Toutes les administrations américaines connaissent des pics, souvent saisonniers, d’arrivées de migrants. Sous Donald Trump, le record de mai 2019 (133.000 arrestations) était notamment sept fois supérieur au plus bas de mai 2017 (19.000). Selon une étude du centre Pew research, la hausse actuelle est notamment alimentée par des « migrants climatiques » qui fuient le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua, alors que la région a été frappée par deux ouragans fin 2020 qui ont provoqué de graves inondations.
Mais pour le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, « cette crise a été créée par les politiques présidentielles de la nouvelle administration ». « Elle ne peut avoir d’autre nom que la crise Biden aux frontières », a-t-il lancé lors d’une visite au Texas, à la frontière avec le Mexique, en compagnie d’une dizaine d’autres élus républicains de la Chambre.
Dès son premier jour à la Maison Blanche le 20 janvier, Joe Biden avait signé un moratoire sur l’expulsion des sans-papiers arrivés aux Etats-Unis avant novembre 2020 et mis fin à la politique de séparation des familles. Il a promis une vaste réforme migratoire, qui ouvrirait la voie de la naturalisation à quelque 11 millions d’immigrés en situation irrégulière. Même si les expulsions de nouveaux arrivants se poursuivent, tout cela a encouragé les migrants à tenter leur chance, affirment les républicains.