DECRYPTAGEIsraël en quête d'un Premier ministre

Israël en quête d'un Premier ministre

DECRYPTAGEPassée l'élection, il va falloir trouver un gouvernement. Une tâche compliquée.
Paul Akim

Paul Akim

De notre correspondant à Jérusalem


C’est un classique des lendemains d’élections en Israël. Du fait de la proportionnelle intégrale, les scrutins ne sont souvent que le point de départ de tractations rocambolesques entre formations politiques pour parvenir à former un gouvernement. Benjamin Netanyahu (Likoud) serait ravi de former un gouvernement avec Kadima, offrant à Tzipi Livni de reprendre son poste de ministre des Affaires étrangères. Le problème est que Tzipi Livni peut se prévaloir d’avoir devancé son rival du Likoud (28 sièges contre 27) et réclame le poste de Premier ministre pour elle-même. Or, Benjamin Netanyahu trépigne dans l’antichambre du pouvoir depuis trop longtemps pour accepter de jouer les seconds rôles.


La clé du scrutin revient donc à l’ultranationaliste Avigdor Lieberman. Celui que les médias israéliens surnomment «le tsar» pour ses origines russes, pourfendeur du «manque de loyauté» des 20% d’Arabes israéliens envers l’Etat hébreu, était le seul à sabler le champagne sans retenue à l’énoncé des résultats, mardi soir. Sa formation, Israel Beitenu (Israël notre maison), n’obtient pas une percée aussi nette que les sondages le laissaient présager, mais avec 15 sièges (contre 11 auparavant), il ravit la place de troisième force politique du pays aux Travaillistes d’Ehud Barak et prend le titre de «faiseur de roi».


Changer le système électoral


Courtisé par Benjamin Netanyahu qui l’a appelé immédiatement après les résultats, Avigdor Lieberman a également rencontré mercredi Tzipi Livni, visiblement décidé à faire monter les enchères. «Les dizaines de milliers d’électeurs de gauche qui se sont portés sur Kadima pour faire barrage à la droite, se réveille pour entendre Tzipi Livni courtiser le dirigeant d’extrême droite Lieberman», observe le quotidien Haaretz dans son éditorial.


«Le paradoxe de cette élection est que, malgré la poussée de la droite nationaliste, une majorité des Israéliens sont en faveur de compromis territoriaux avec les Palestiniens en échange de la paix», relève l’éditorialiste Eetta Prince-Gibson. A ce titre, Kadima et Likoud s’accordent sur la nécessité de changer le système électoral pour permettre de dégager une majorité claire sans laisser la possibilité à des partis minoritaires de confisquer l’élection.