Les Palestiniens indifférents aux élections israéliennes
REPORTAGE•Pour les habitants de Ramallah, quelque soit le vainqueur des législatives israéliennes leur sort ne changera pas.Paul Akim
De notre envoyé spécial à Ramallah
Tzipi Livni ou Benjamin Netanhayu? Côté palestinien, la question n’appelle que des commentaires désabusés. «Livni et Netanyahu sont les deux faces de la même pièce, lâche Naël, autour d’une partie de tric-trac dans un café de Ramallah pour expliquer le désintérêt affiché des Palestiniens pour les élections israéliennes. Ces élections ne changeront rien. Les Israéliens occupent notre terre et tuent des Palestiniens. Leur politique ne change pas», ajoute-t-il.
Les négociations de paix engagées en novembre 2007 entre l’Autorité palestinienne et la candidate de Kadima (centre droit), Tzipi Livni n’ont pas convaincu. La colonisation des territoires occupés se poursuit et un accord de paix semble toujours hors de portée. «Netanyahu a le mérite d’être plus franc que Livni, renchérit Mustapha. Lui, au moins, dit clairement qu’il ne croit pas à la paix, qu’il continuera d’étendre les colonies et qu’il ne libérera pas les prisonniers.»
L'espoir de Barack Obama
Echaudés par une campagne très à droite, marquée par l’absence du «camp de la paix» et une surenchère des différents candidats sur le thème de la sécurité et de la fermeté, les Palestiniens estiment ne rien avoir à attendre du prochain gouvernement israélien. «Pour nous, il n’y a pas vraiment d’enjeu, explique Rami Rabayah, ancien fonctionnaire de l’Autorité palestinienne. Kadima est resté au pouvoir pendant quatre ans pour finir par faire la guerre à Gaza. Ca ne peut pas vraiment être pire».
La perspective d’un retour au pouvoir de Benjamin Netanyahu, chef de file du Likoud (droite) et dont le passage au pouvoir de 1996 à 1999 est associé pour les Palestiniens à l’échec des accords d’Oslo, suscite tout de même quelques inquiétudes. «Je suis inquiet de voir la société israélienne virer de plus en plus vers la droite. Un gouvernement israélien de droite va chercher à imposer sa politique. Ce sera d’autant plus difficile de trouver une solution négociée», prédit Jalal Khader, un avocat palestinien.
De son côté, le président palestinien, Mahmoud Abbas a déjà fait savoir qu’il est prêt à «coopérer avec tout gouvernement israélien élu» et à poursuivre les négociations de paix. En coulisses, ses conseillers ne cachent pas qu’ils comptent sur la nouvelle administration américaine de Barak Obama pour atténuer les conséquences d’un retour aux affaires de la droite dure en Israël.