INTERVIEW«Les Israéliens ont le sentiment d'avoir fait des concessions aux Palestiniens sans résultat»

«Les Israéliens ont le sentiment d'avoir fait des concessions aux Palestiniens sans résultat»

INTERVIEWClaude Klein, professeur de droit à l'Université hébraïque de Jérusalem, revient sur la montée de l'extrême droite en Israël, à la veille des législatives.
Propos recueillis par Paul Akim

Propos recueillis par Paul Akim

De notre correspondant à Jérusalem

Israël vient de vivre une campagne électorale très droitière, marquée par l’ascension de l’ultranationaliste Avigdor Lieberman. Comment l’expliquez-vous?


La campagne reflète l’orientation du public israélien qui penche vers la droite. C’est le résultat de ces dernières années aux cours desquelles les Israéliens ont le sentiment d’avoir fait des concessions aux Palestiniens sans parvenir à aucun progrès. Malgré le retrait de Gaza, le sud du pays a été constamment l’objet de tirs de roquettes. Quant à l’ascension d’Avigdor Lieberman, elle est plus spécifique à la situation des Arabes israéliens dans la société israélienne. Les Arabes d’Israël expriment des revendications souvent légitimes, mais de façon extrêmement violente et donnent parfois l’impression de préférer les ennemis d’Israël.

Ni Ehud Barak (Travaillistes), ni Tzipi Livni (Kadima) ne semble tirer profit de la récente offensive israélienne sur Gaza?


Les résultats de cette offensive ne sont pas aussi clairs qu’on pourrait le croire. Les bombardements et les tirs de roquettes se poursuivent, donnant force à l’argument du Likoud (droite) selon lequel l’opération a été arrêtée trop tôt. Ceci étant dit, la faiblesse du parti travailliste reste très surprenante car dans l’histoire d’Israël, il a toujours été le parti dominant. Or, si l’on en croit les sondages, les Travaillistes d’Ehud Barak pourraient être relégués à la quatrième place, avec seulement 14 ou 15 députés. Cela pose la question de la survie de ce parti dont la place historique sera peut-être reprise par Kadima.

Faut-il s’attendre à une Knesset ingouvernable en cas de résultat très serré entre le Likoud de Benyamin Netanyahu et Kadima de Tzipi Livni?


Si Benyamin Netanyahu l’emporte, il aura le choix entre pencher à droite ou pencher à gauche. En fait, il va certainement essayer de pencher à gauche pour former une coalition avec Kadima et les Travaillistes. A eux trois, ces partis peuvent réunir une majorité confortable entre 60 et 65 députés (sur les 120 que compte la Knesset, ndr). Si cela n’est pas possible, alors Netanyahu devra composer avec l’extrême droite et sera le prisonnier d’Avigdor Lieberman, dans une coalition gouvernementale beaucoup plus instable.