Procès de Donald Trump : Les avocats de l’ex-président plaident l’acquittement, verdict sans doute samedi
COMPTE-RENDU•La défense de Donald Trump a dégainé des vidéos d’élus démocrates utilisant la même rhétorique combative, et assuré que le 45e président n’avait pas « incité » la violence car l’attaque du Capitole était « préméditée »Philippe Berry
Trois petites heures et puis s’en vont. Vendredi, les avocats chargés de défendre Donald Trump, jugé devant le Sénat pour « incitation à l’insurrection » dans le cadre de l’attaque du Capitole du 6 janvier, n’ont pas traîné en besogne. En moins d’une demi-journée, ils ont assuré que Donald Trump ne « pouvait pas » avoir incité une violence qui était « préméditée ». Et, avec une vidéo jouée en repeat, ils ont accusé les démocrates, qui utilisent régulièrement la même rhétorique combative que l’ex-président, d’être des « hypocrites » motivés par une « vengeance politique ». Le verdict est attendu dès samedi, et Donald Trump devrait, sauf surprise, être acquitté.
Bruce Castor a une nouvelle fois insisté : le 6 janvier représente « un jour terrible qui nous a tous choqués ». Il a toutefois assuré que les violences n’atteignaient pas le niveau d’une « insurrection », relevant que les émeutiers n’avaient « pas saisi le pouvoir ou les chaînes de télévision ».
« Fight like hell » joué en boucle
Dans leur présentation, les procureurs démocrates ont insisté sur le discours de Donald Trump qui appelait ses supporteurs et les élus républicains à « se battre farouchement » (« fight like hell »). Les avocats du 45e président des Etats-Unis ont répondu avec un montage de plus de 10 minutes d’élus démocrates comme Elizabeth Warren, Chuck Schumer, Nancy Pelosi, promettant de se « battre ». Et de Cory Booker disant qu’il avait envie de « donner un coup de poing » à Donald Trump ou Joe Biden qui voulait « botter les fesses » de son adversaire.
Selon les avocats, ce genre de discours relève d’une « rhétorique habituelle » en politique, et est défendu par le 1er amendement sur la liberté d’expression. Ils ont également rappelé que les démocrates avaient coupé une partie du discours du président américain appelant ses supporteurs à manifester « pacifiquement et patriotiquement » devant le Congrès.
Question de la préméditation
Dans une stratégie plus risquée, la défense de Donald Trump a soutenu qu’il ne pouvait pas avoir incité une attaque qui avait été « préméditée ». Ils ont cité en exemple des messages échangés sur les réseaux sociaux, et la chronologie des événements, avec un premier cordon de sécurité enfoncé avant que Donald Trump ne commence son discours.
Mais la veille, les procureurs démocrates avaient assuré que le discours de l’ex-locataire de la Maison-Blanche était « l’apogée » d’une campagne de plusieurs semaines. Selon eux, Donald Trump a « fait monter la pression avec son grand mensonge » sur une « élection volée » puis a « allumé la mèche ».
Verdict sans doute samedi
Le reste de la session de vendredi a été consacré à une séance de questions-réponses. Parmi les républicains qui pourraient voter pour condamner Donald Trump, on a notamment entendu Susan Collins, Lisa Murkowski, Mitt Romney et Bill Cassidy. Ils ont demandé aux avocats de l’ex-président des détails sur la chronologie : quand a-t-il su que le Capitole avait été envahi, et savait-il que Mike Pence avait été évacué quand il l’a critiqué dans un tweet. Les avocats ont botté en touche mais après l’audience, le sénateur d’Alabama Tommy Tuberville a confirmé à des journalistes qu’il avait bien indiqué à Donald Trump que Mike Pence venait d’être évacué lors d’une conversation téléphonique pendant l’assaut du Capitole.
Au vu des déclarations des élus, le scénario le plus probable reste qu’entre 3 et 8 républicains votent avec les démocrates pour condamner Donald Trump, loin de la barre des 17 nécessaires à sa destitution. La session reprend ce samedi à 10 heures (16 heures, heure de Paris). Si aucun témoin n’est convoqué, le vote final devrait se tenir autour de midi (18 heures).