LGBTUne association LGBT russe dénonce un « enlèvement » de deux Tchétchènes

Russie : Une association LGBT dénonce un « enlèvement » de deux Tchétchènes

LGBTLes deux hommes ont été incarcérés dans un centre de détention dans le district d’Ourous-Martan en Tchétchénie
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Un « enlèvement ». C’est ainsi qu’a été qualifiée, par une association russe de défense des droits LGBT, l’arrestation de deux hommes tchétchènes qui ont été transférés dans des conditions troubles en Tchétchénie, réputée pour sa persécution des homosexuels. Salekh Magamadov et Ismaïl Issaïev ont été appréhendées par les forces de l’ordre jeudi à Nijni Novgorod, dans l’Ouest de la Russie, et se sont retrouvés samedi dans un commissariat de la ville de Goudermes, en Tchétchénie, à 1.700 kilomètres plus au Sud, selon l’ ONG « LGBT Set ».

Ils ont été incarcérés dans un centre de détention dans le district d’Ourous-Martan en Tchétchénie, a-t-elle affirmé dans un communiqué envoyé à l’AFP. L’avocat envoyé par l’ONG sur place, Mark Alekseïev, s’est rendu ce lundi dans ce centre de détention, mais a été informé par ses employés que les deux hommes ne voulaient pas bénéficier de ses services. Mark Alekseïev a dénoncé l’illégalité de la détention des deux hommes. « En réalité, nous pouvons dire que ces citoyens ont été enlevés », a-t-il indiqué.

« Une violation de toutes les normes » juridiques

« C’est une violation de toutes les normes » juridiques, s’est insurgé Mark Alekseïev, après s’être vu refuser l’accès à Salekh Magamadov et Ismaïl Issaïev. Dimanche, un proche collaborateur du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, Akhmed Doudaïev, a assuré que les deux hommes avaient « avoué avoir fourni une aide à un membre d’un groupe armé illégal », tué lors d’une opération des forces anti-terroristes le 20 janvier.

L’avocat Mark Alekseïev a de son côté accusé les autorités d’avoir « délibérément diffusé de fausses informations sur le sort » des deux jeunes hommes. Selon lui, « les aveux ont très probablement été obtenus par le biais de menaces et de pressions ». Samedi, LGBT Set avait dit craindre que les deux hommes, dont l’un est mineur, soient « en danger de mort » en Tchétchénie.

Des excuses filmées

Ils avaient été évacués avec l’aide de cette ONG en juillet 2020 hors de cette république russe du Caucase à majorité musulmane et dirigée d’une main de fer par Ramzan Kadyrov. Selon son porte-parole, Tim Bestsvet, ils avaient été interpellés une première fois au printemps 2020, « initialement pour leur orientation sexuelle » et contraints d’enregistrer des excuses filmées, lors desquelles ils disaient « ne pas être des hommes ».

La Tchétchénie est régulièrement accusée de graves violations des droits envers les opposants politiques, les femmes et les personnes LGBT. Le journal d’opposition russe Novaïa Gazeta, suivi par plusieurs ONG, avait révélé en 2017 que des homosexuels y étaient arrêtés et parfois torturés et assassinés par la police.