Algérie : Ouverture ce jeudi du procès de l’assassinat en 2014 du Français Hervé Gourdel
JUSTICE•Hervé Gourdel, un guide de haute montagne, avait été décapité par des djihadistes en Algérie en septembre 201420 Minutes avec AFP
C’est un grand jour pour la famille de la victime qui attend depuis plus de six ans ce procès. Les accusés dans l’assassinat du Français Hervé Gourdel, un guide de haute montagne décapité par des djihadistes en Algérie en septembre 2014, vont devoir s’expliquer à la barre à partir de ce jeudi.
« Notre famille est très heureuse. C’est bien que ce procès ait enfin lieu », a déclaré la compagne de l’alpiniste niçois, Françoise Grandclaude, qui s’est constituée partie civile au lendemain de sa mort. « Ce procès qui se déroule [en Algérie] m’est d’abord très personnel », a-t-elle ajouté. Peut-être offrira-t-il « un espoir pour les familles et les proches de victimes touchées par le terrorisme ».
Des peines pouvant aller jusqu’à la peine de mort
Quatorze personnes sont poursuivies : huit ravisseurs présumés, les cinq hôtes et accompagnateurs algériens du Français, ainsi qu’un homme, Farjallah Amara, dont le lien avec cette affaire n’est pas précisé, selon un document du tribunal. Suspecté d’être impliqué dans l’enlèvement et l’exécution du Français, l’Algérien Abdelmalek Hamzaoui, devrait comparaître devant le tribunal de Dar El Beïda, en banlieue d’Alger, selon des avocats. Capturé après le drame, il risque la peine de mort.
Sont également appelés à comparaître les cinq accompagnateurs : Karim Oukara, Hamza Boukamoum, Oussama Dehendi, Amine Ayache et Kamel Saâdi, enlevés avec lui mais relâchés au bout de 14 heures. Il leur est reproché d’avoir tardé à informer du rapt du Français. A l’époque, le ministère de la Défense avait estimé qu’avec ce délai les ravisseurs avaient eu le temps de fuir. La non-dénonciation de crimes est passible de cinq ans de prison. Farjallah Amara devrait également comparaître mais libre jeudi. Sept autres accusés, considérés en fuite, seront jugés par contumace.
Un groupe en lien avec l’Etat islamique
L’exécution d’Hervé Gourdel a été revendiquée par Jund al-Khilafa («Les Soldats du Califat »), un groupe djihadiste ayant prêté allégeance à l’Etat islamique (EI). Abdelmalek Hamzaoui avait mené à la dépouille de la victime, retrouvée le 15 janvier 2015 à une vingtaine de km du lieu du rapt, dans le massif touristique du Djurdjura, en Kabylie. Il a été inculpé pour « enlèvement, torture et meurtre avec préméditation » et pour « création et organisation d’un groupe terroriste armé ». Cet Algérien aurait été identifié sur la première vidéo des ravisseurs qui menaçaient d’assassiner l’otage si la France ne cessait pas ses frappes contre l’EI en Irak.
Hervé Gourdel, 55 ans et originaire de Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes), s’était rendu en Algérie à l’invitation des accompagnateurs, pour explorer un nouveau site d’escalade, mais il a été kidnappé le 21 septembre. La vidéo de sa décapitation diffusée trois jours plus tard avait provoqué un énorme choc en France et en Algérie, ravivant les blessures de la guerre civile (1992-2002) ayant opposé islamistes et forces de l’ordre.