Face au Covid-19, l’Inde entame sa campagne de vaccination géante

Coronavirus : 300 millions de vaccinés d’ici à juillet… L’Inde entame sa campagne géante

PANDEMIELe nombre d’habitants, le manque d’infrastructures et la méfiance du public ne vont pas faciliter la tâche du gouvernement
20 Minutes avec AFP

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Il ne faudra pas connaître de retard à l’allumage, sous peine d’y passer des décennies. L'Inde a commencé ce samedi sa campagne de vaccination contre le Covid-19. Un défi immense compte tenu des contraintes nationales : le nombre d’habitants (1,3 milliard), mais aussi la sûreté, les infrastructures incertaines et la méfiance du public.

La deuxième nation la plus peuplée de la planète compte vacciner 300 millions de personnes, soit presque l’équivalent de la population américaine​, d’ici à juillet. Sachant qu’elle est le deuxième pays le plus touché – après les Etats-Unis, toujours – par le Covid-19, avec plus de 10 millions de cas déclarés et plus de 150.000 décès à déplorer, même si le taux de mortalité y est l’un des plus faibles du monde.

Deux vaccins choisis

Les 30 millions de personnels soignants et les plus exposés à la maladie seront les premiers à être vaccinés, suivis par environ 270 millions de personnes de plus de 50 ans ou présentant un état de grande vulnérabilité. Au premier jour de cette campagne, lancée par le Premier ministre, Narendra Modi, à New Delhi, 300.000 personnes se verront inoculer la première dose de vaccin.

La campagne, justement, repose sur deux vaccins. Le Covaxin, développé par Bharat Biotech et le Conseil indien de la recherche médicale, et Covishield, une version mise au point par AstraZeneca et l’université d’Oxford. Tous deux produits par le Serum Institute of India et approuvés « en urgence » début janvier. Ils sont « sûrs à 100 % », avait alors assuré le Contrôleur général des médicaments de l’Inde, ajoutant que le régulateur « ne donnerait jamais son approbation s’il y avait la moindre inquiétude en matière de sécurité ».

Le « modèle » des élections

A Delhi, la capitale, 81 centres de vaccinations « sont prêts » à opérer quatre jours par semaine, et « 240.000 personnels de santé se sont inscrits » pour en bénéficier. Environ 150.000 personnels dans 700 districts ont été spécialement formés dans le pays, alors que l’Inde a mené plusieurs exercices nationaux de préparation impliquant notamment la simulation du transport de doses de vaccin et des injections factices.

Les autorités affirment qu’elles s’appuieront sur l’expérience acquise lors des élections et des campagnes de vaccination contre la polio et la tuberculose. Cependant, ces campagnes représentent « un exercice de bien plus petite ampleur », a rappelé Satyajit Rath, de l’Institut national d’immunologie, alors que la vaccination contre le Covid-19 s’avère « profondément exigeante ».

Désinformation en ligne

Dans un pays aussi vaste et pauvre, doté de réseaux routiers souvent de mauvaise qualité et de l’un des systèmes de santé les plus mal financés du monde, l’opération représente en effet un défi colossal, notamment du fait que les deux vaccins exigent d’être conservés à très basse température. Si l’Inde dispose de quatre « méga-dépôts » pour réceptionner les vaccins et les transporter vers les centres de distribution des différents Etats dans des véhicules à température contrôlée, l’ultime étape risque de se révéler autrement plus difficile à maîtriser.

Le défi réside aussi dans l’instabilité et la fiabilité des réseaux de communication, alors que le gouvernement compte gérer l’ensemble du processus grâce aux technologies numériques par le biais, entre autres, d’une application gouvernementale, CoWIN – dont il existe déjà plusieurs contrefaçons. En outre, les autorités ont mis en place un important dispositif policier et technologique de haute sécurité autour des « précieux » convois de vaccins à travers le pays.

Reste aussi à convaincre la population. Car l’arrivée du vaccin suscite un certain scepticisme alimenté par un flot de désinformation en ligne. Selon une récente enquête menée auprès de 18.000 personnes, 69 % d’entre elles disaient ne pas être pressées de se faire vacciner.