Huawei aurait bien déposé un brevet pour une technologie d’identification des Ouïgours
POLEMIQUE•Le brevet repéré par des spécialistes américains de la vidéosurveillance doit être modifié pour ne plus permettre l’identification de l’origine ethnique20 Minutes avec agence
Huawei aurait bien déposé en juillet 2018 une demande de brevet concernant un outil numérique permettant de repérer des Ouïgours parmi des passants, comme l’avait révélé le Washington Post en décembre dernier. Après la parution de cet article, l’entreprise avait pourtant démenti. Un porte-parole du géant chinois cité par la BBC a été contraint de revenir sur ces déclarations en indiquant que « des mesures actives avaient été prises pour modifier » le brevet.
Ce dernier a été déposé en collaboration avec le gouvernement chinois mais a été repéré par IPVM, spécialiste américain des informations relatives à la vidéosurveillance. L’outil en question utilise l’intelligence artificielle et l’apprentissage profond pour repérer chez les piétons des caractéristiques physiques particulières. Dans la liste de celles-ci figure l’ethnicité des personnes filmées.
Critiqué, Huawei se défend
Le document officiel précise ainsi que l’outil peut par exemple repérer une personne du groupe ethnique Han, le plus répandu en Chine, ou Ouïgour. « Identifier l’origine ethnique des individus n’a jamais été l’objectif de ce projet de recherche et développement, a affirmé Huawei. Ça n’aurait jamais dû faire partie de l’outil ».
Les défenseurs des droits humains critiquent depuis longtemps la politique de la Chine en matière de vidéosurveillance. « Une des demandes techniques du ministère chinois de la Sécurité publique est que le réseau de caméras puisse détecter les origines ethniques, et particulièrement les Ouïgours », a dénoncé Maya Wang, membre de Human Rights Watch.
« La persécution et l’intense discrimination des Ouïgours dans de nombreux domaines en Chine ne sont pas contestées car les Ouïgours n’ont aucun pouvoir en Chine », regrette-t-elle. IPVM indique que d’autres entreprises chinoises spécialisées dans le numérique, dont Megvii, ont elles aussi enregistré des technologies de détection automatique des membres de groupes ethniques minoritaires.