Guinée : Malgré les oppositions, Alpha Condé définitivement proclamé président pour un troisième mandat
AFRIQUE•Alpha Condé va commencer un nouvel exercice de six ans, éventuellement renouvelable une fois20 Minutes avec AFP
Alors que les résultats de la présidentielle américaine se font attendre, ceux de Guinée sont désormais confirmés. Alpha Condé, 82 ans, a été définitivement proclamé président ce samedi, après des mois d’une contestation qui aura coûté la vie à des dizaines de civils. Il effectuera ainsi son troisième mandat.
La Cour constitutionnelle a rejeté les recours de son principal challenger Cellou Dalein Diallo, et de trois autres des 12 candidats à la présidentielle du 18 octobre. Elle a validé les résultats proclamés par la commission électorale nationale (Céni), qui décerne la victoire à Alpha Condé dès le premier tour.
L’opposition dénonce un « coup d’Etat » constitutionnel
La Cour juge les recours « mal fondés », déclare « régulier » le scrutin et affirme que le président sortant « a recueilli 2.438.815 voix, soit 59,50 %, supérieurs à la majorité absolue », a annoncé son président Mohamed Lamine Bangoura en audience solennelle. Elle « déclare en conséquence que M. Alpha Condé est élu au premier tour de l’élection présidentielle du 18 octobre président de la République de Guinée », a-t-il ajouté. Cellou Dalein Diallo a obtenu 33,5 % des suffrages, selon les chiffres officiels.
L’opposition dénonce un « coup d’Etat » constitutionnel. Les forces de sécurité guinéennes ont d’ailleurs bloqué ce samedi les accès à la maison de Cellou Dalein Diallo, au moment où la Cour constitutionnelle proclamait sa décision. De lourds camions antiémeutes et des pick-up ont été placés pour bloquer les accès à la maison de l’opposant, dans la banlieue de Conakry, où il comptait s’adresser aux journalistes en début d’après-midi.
Un possible quatrième mandat
La décision de la Cour constitutionnelle est sans appel et Alpha Condé va pouvoir commencer un nouvel exercice de six ans, éventuellement renouvelable une fois. Cette candidature d’Alpha Condé à sa propre succession a donné lieu à des mois de manifestations et de violences qui ont causé la mort de dizaines de personnes, dans la quasi-totalité des cas des civils.
L’ancien opposant historique, emprisonné et même condamné à mort avant de devenir en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires, rejoint aux yeux de ses adversaires et de maints défenseurs de la démocratie les rangs des dirigeants africains se maintenant au pouvoir au-delà du terme initialement prévu, de plus en plus souvent en usant d’arguments légaux.
Alpha Condé a fait adopter en mars, malgré une contestation déjà vive et la réprobation d’une partie de la communauté internationale, une nouvelle Constitution pour, dit-il, « moderniser (les) institutions » et, par exemple, accorder une plus grande place aux femmes et aux jeunes. Comme la précédente, la nouvelle Constitution limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Mais, pour le pouvoir, son adoption a remis les compteurs à zéro.