Quand le hip-hop milite pour la Palestine
Le plus jeune à 16 ans, le plus âgé, 18. Ils se sont rencontrés, gamins, au camp de réfugiés où ils ont grandi à Deisheh, près de Bethléem, en Cisjordanie. « Il y a cinq ans, raconte l'un deux, Dia, Israël construisait le mur. On n'avait que 13 ans, ...Le plus jeune à 16 ans, le plus âgé, 18. Ils se sont rencontrés, gamins, au camp de réfugiés où ils ont grandi à Deisheh, près de Bethléem, en Cisjordanie. « Il y a cinq ans, raconte l'un deux, Dia, Israël construisait le mur. On n'avait que 13 ans, mais on devenait de plus en plus conscient de la souffrance des Palestiniens et que notre vie ici est pire que d'être en cage. Il fallait qu'on l'exprime et qu'on délivre un message. Alors, on a décidé de fonder un groupe de rap. »
C'est ainsi que sont nés en 2004 les Bad Luck Rappers, en référence au triste sort des Palestiniens. Leur message ? « On veut nos droits et une Palestine libre. Et on veut aussi que les gens sachent combien la vie est difficile ici », lance Soud, le plus volubile.
Bien sûr, la situation à Gaza les révolte. « On a écrit une chanson sur ce massacre, qu'on a traduite en six langues. Cela parle du silence des pays arabes, du sang des enfants de Gaza et de la prison qu'est Gaza ». Ils ne se considèrent pas comme « extrémistes », mais tous deux soutiennent le Hamas. « C'est le seul parti qui résiste à Israël. Le Fatah, c'est que des belles paroles et cela ne fait rien avancer. » Dans leur chanson, aucune propagande. Mais pas de censure non plus. Areej, de l'association culturelle Ibdaa qui les produit, explique : « Ils ont du succès car ils ne font pas de propagande anti-Israël, mais revendiquent les droits des Palestiniens. Je les considère comme nos ambassadeurs. »
Les Bad Luck Rappers enchaînent succès sur succès. Au point qu'ils projettent une tournée en Suède, en Allemagne et en Chine. « Après la sortie de leur album au printemps, si tout va bien », précise Ajeer. Veulent-ils véhiculer l'espoir ? Ça fait aussi partie de leur rêve. « Mais de quel espoir parler ?, déclare Ishan. Que peut-on espérer, quand on voit le massacre de Gaza, le mur, soupire-t-il. La musique, c'est notre seul espace de liberté. C'est pour ça qu'on l'aime et qu'on veut devenir musiciens. » ■■De notre envoyée spéciale, Pauline Garaude