Gaz: L'UE menace l'Ukraine et la Russie d'actions en justice
CRISE•Alors que les deux pays voisins ont signé un accord sur les livraisons, l'Ukraine refuse les tarifs de Moscou...Maud Descamps avec agence
On pensait la crise résolue, il n'en est rien. L'Europe peut continuer à grelotter, le retour du gaz russe n'est pas pour tout de suite. A peine relancé mardi matin après une semaine d'interruption, le transit de gaz russe s'est de nouveau arrêté, Moscou et Kiev s'accusant réciproquement d'en être responsable.
Naftogaz, la société nationale ukrainienne d'hydrocarbures, a admis bloquer le transit gazier mais a expliqué sa position par le fait que son homologuerusse Gazprom avait posé des «conditions de transit inacceptables». Un «manque de capacités techniques» serait à l'origine du problème selon le quotidien Gazeta. A l'isue d'une rencontre entre le Premier ministre ukrainien et son homologue slovaque, Ioulia Timochenko a promis mercredi la reprise du transit du gaz russe vers l'Europe dès que la Russie le fournira à nouveau à l'Ukraine.
>> A lire également, l'analyse de Catherine Locatelli, spécialiste du conflit gazier.
Mais le refus de Kiev de payer les tarifs demandés par Gazprom est bel et bien le fond du problème. Si un accord a été signé pour la reprise des livraisons, le conflit qui oppose les deux pays est loin d'être terminé.
Moscou fera-t-il craquer Kiev?
Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité, mais la Russie compte ses alliés, relevait mercredi la presse russe. «La Russie a réussi à mettre de son côté deux alliés, l'Italie et la Roumanie», observe le quotidien Kommersant, soulignant que «les pays soutenant la Russie vont devenir plus nombreux», alors que les Premiers ministres bulgare Sergueï Stanichev et slovaque Robert Fico sont attendus à Moscou mercredi. Après tout, «ces pays sont ceux qui ont le plus souffert de la guerre du gaz», rappelle Kommersant.
Aux yeux du quotidien Vremia Novosteï, «les excuses ne sont pas permises». La Russie et l'Ukraine auraient «dû se mettre d'accord sur les conditions techniques avant de signer le protocole, afin d'assurer la reprise du transit vers l'Europe, et non pas après», souligne le journal. Les accusations mutuelles échangées entre le géant russe Gazprom et Naftogaz ont «démontré l'absence de tout désir de mettre un terme à la guerre du gaz, illustrée par la confusion en termes de communication et les différents chiffres avancés», déplore de son côté Nezavissimaïa Gazeta.
Barroso se fâche
La Commission européenne a brandi la menace mercredi d'actions en justice contre la Russie et l'Ukraine faute de reprise très rapide des livraisons de gaz, estimant que les deux pays ne pouvaient plus se cacher derrière des problèmes techniques. «Je veux envoyer un message clair à Moscou et à Kiev», a déclaré le président de l'exécutif européen José Manuel Barroso au Parlement européen à Strasbourg.
«Si l'accord avec l'UE n'est pas honoré de manière urgente, la Commission européenne conseillera aux compagnies européennes de porter l'affaire en justice et appellera les Etats membres à mener une action concertée pour trouver des moyens alternatifs d'approvisionnement énergétique et de transit», a-t-il ajouté, sous les applaudissements des eurodéputés.
Faute de «volonté politique d'honorer l'accord», la Russie et l'Ukraine «ne pourront plus être considérées comme des partenaires fiables pour la fourniture d'énergie», a-t-il ajouté. La Commission a insisté sur ce point dans une lettre envoyée, de concert avec la présidence tchèque de l'UE, aux ministres russe et ukrainien de l'Energie, et diffusée mercredi.