Cisjordanie : Israël approuve la construction de plus de 2.000 nouveaux logements dans les colonies
CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN•Ces autorisations interviennent un mois après la signature d’accords normalisant les relations d’Israël avec deux pays du Golfe20 Minutes avec agences
Israël a approuvé ce mercredi la construction de plus de 2.000 nouveaux logements en Cisjordanie occupée. Quelque 560 nouveaux logements vont être construits dans la colonie d’Har Gilo (1.600 habitants), située entre Jérusalem et Bethléem, et quelques centaines d’autres à Beit El à proximité de Ramallah et Efrat, ainsi que dans une dizaine d’autres colonies.
Selon l’organisation israélienne anticolonisation « La Paix maintenant », 2.000 logements supplémentaires devraient être approuvés ce jeudi dans ces colonies pourtant jugées illégales par le droit international.
Reprise des constructions après un gel de huit mois
Ces autorisations mettent fin à une période de huit mois de gel effectif de nouvelles constructions en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Elles surviennent un mois après la signature à Washington d’accords normalisant les relations d’Israël avec les Emirats arabes unis et Bahreïn. Ces accords ont été dénoncés par les Palestiniens comme une « trahison » de la part de ces deux pays, alors que la résolution du conflit israélo-palestinien était jusque-là considérée comme une condition sine qua non pour une normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes.
Les Emirats et Bahreïn sont les premiers Etats arabes à reconnaître officiellement Israël après l’Egypte (1979) et la Jordanie (1994), qui avaient signé un traité de paix mettant fin à l’état de guerre avec le voisin israélien.
Une politique qui « va conduire la région au bord du précipice »
Au total, plus de 450.000 Israéliens vivent dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, en plein essor ces dernières années sous l’impulsion du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Les Etats-Unis, à rebours de la communauté internationale, ont décrété en novembre 2019 que ces implantations n’étaient pas contraires au droit international.
Après l’annonce de nouvelles constructions, les Palestiniens ont fustigé une politique qui « va conduire la région au bord du précipice ». Le gouvernement israélien « est déterminé à poursuivre sa politique de colonisation, pour voler la terre palestinienne, profitant du silence international, de la normalisation (…) et du soutien aveugle de l’administration Trump », a déploré dans un communiqué Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Une annexion « reportée »
Donald Trump avait présenté fin janvier son plan pour un règlement au Proche-Orient, prévoyant notamment l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain (30 % de la Cisjordanie) et de plus de 130 colonies juives, ainsi que la création d’un Etat palestinien sur un territoire amputé. Mais dans le cadre de la normalisation, Israël s’est engagé à suspendre son projet d’annexion des territoires palestiniens, selon les Emirats arabes unis et Bahreïn. Une concession saluée par les gouvernements européens et certains gouvernements arabes qui voient la normalisation comme un espoir de paix.
Benjamin Netanyahu a toutefois déclaré que l’annexion était seulement « reportée » et qu’Israël n’y avait « pas renoncé ». Pour l’organisation « La Paix maintenant », avec ces nouvelles constructions, le Premier ministre « renforce de facto l’annexion de la Cisjordanie » et gâche une occasion de faire la paix.