ADMINISTRATIONLe président libanais refuse de destituer trois hauts fonctionnaires

Explosions à Beyrouth : Le président libanais refuse de destituer trois hauts fonctionnaires

ADMINISTRATIONLe président libanais refuse de prendre cette décision seul
Jean-Loup Delmas

J.-L.D. avec AFP

Le président libanais Michel Aoun ne signera pas des décrets visant à démettre de leurs fonctions trois hauts fonctionnaires arrêtés après l'explosion au port de Beyrouth, justifiant ce lundi sa position par la nécessité d’une décision gouvernementale libanaise.

Les trois responsables, actuellement en détention dans le cadre de l’enquête sur l’explosion meurtrière du 4 août, sont le directeur des douanes Badri Daher, réputé proche de Michel Aoun, le directeur général du transport maritime et terrestre Abdel Hafiz Al-Kaissi, et le directeur du port Hassan Koraytem, a indiqué une source sécuritaire.

La décision du Conseil attendu

La présidence libanaise a mis en avant des questions procédurières pour justifier la décision du chef de l’Etat. Michel Aoun « ne signera pas les décrets de destitution de trois directeurs » car ils « n’ont pas été adoptés en Conseil des ministres », indique le compte Twitter de la présidence.

Pour chaque responsable, un décret individuel a déjà été signé par son ministre de tutelle respectif (le ministre des Finances ou celui des Travaux publics) et le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab, a précisé la source sécuritaire. Mais « le président ne signera pas tant qu’une décision individuelle et nominative n’aura pas été prise en Conseil » des ministres, a insisté lundi la présidence libanaise sur Twitter.

Poussive enquête

Le 4 août, la gigantesque explosion au port de Beyrouth, que la rue impute à la négligence et la corruption de l’ensemble des dirigeants du pays, avait fait plus de 190 morts et 6.500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale libanaise.

Deux mois plus tard, l’enquête n’a toujours pas abouti et aucun résultat n’a été rendu public, dans un pays où la justice est souvent soumise aux pressions politiques. Les autorités ont rejeté les appels à une enquête internationale. Une vingtaine de personnes a été arrêtée, tandis que les audiences et les interrogatoires de ministres, d’anciens ministres et de hauts responsables sécuritaires se succèdent.

La décision du chef de l’Etat « va être très mal perçue par l’opinion et va prendre l’allure d’une rebuffade », a commenté lundi l’ancien ministre de la Justice, Ibrahim Najjar. « Sur le plan légal, le refus de signer constitue un refus d’appliquer ce qu’on appelle la compétence liée (…) qui permet de mettre en exécution une décision indépendamment de son bien-fondé », a ajouté Ibrahim Najjar.