Vaccins, chloroquine, 5G… On a vérifié huit affirmations virales sur Donald Trump
FAKE OFF•Le président américain a-t-il « immédiatement validé le traitement du professeur Raoult » ? A-t-il coupé les fonds versés à l’OMS ? « 20 Minutes » vérifie plusieurs actions attribuées à Donald Trump dans une publication viraleFake off 20 Minutes
L'essentiel
- Une image virale attribue à Donald Trump huit actions.
- 20 Minutes passe en revue ces affirmations.
Donald Trump a-t-il bloqué l’obligation vaccinale aux Etats-Unis ? « Annulé la 5G chinoise » et « immédiatement validé le traitement du professeur Raoult » contre le coronavirus ? Une image virale attribue au président américain une série de huit actions, allant de la souveraineté monétaire à l’arrestation de pédophiles, sans donner de sources.
Cette image circule en ligne depuis la fin du mois de mai, mais continue d’être relayée sur les réseaux sociaux. Une seconde version, en anglais, a également circulé. 20 Minutes passe en revue ces affirmations.
- « Il a bloqué l’obligation vaccinale. »
Est-ce juste ? Non. Aux Etats-Unis, ce n’est pas le gouvernement fédéral mais chaque Etat qui décide du nombre de vaccins obligatoires pour les enfants scolarisés et des exemptions à la vaccination. Tous les Etats ont donc établi une liste de vaccins obligatoires pour les enfants scolarisés dans le public, rappellent les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), l’organisme fédéral chargé de la santé publique.
Donald Trump, qui a, à plusieurs reprises, exprimé des positions anti-vaccination, soutient dorénavant la production d’un vaccin contre le Covid-19, souligne The New York Times.
- « Il a nationalisé la réserve fédérale et rendu la souveraineté monétaire aux USA. »
Est-ce juste ? Là encore, le document ne mentionne pas de source. Donald Trump a rendu public à plusieurs reprises ses différends avec le président de la réserve fédérale. Toutefois, la réserve ne dépend pas de la présidence américaine. L’institution a d'ailleurs rappelé en novembre dernier qu’elle prenait ses décisions en matière de politique monétaire « en se fondant uniquement sur une analyse prudente, objective et non politique ».
- « Il a coupé les fonds à l’OMS qui n’a pas su prévenir le monde à temps. »
Est-ce juste ? Donald Trump s’est engagé dans une bataille avec l’OMS, qu’il accuse « d’agir à la demande de la Chine » dans la gestion de l’épidémie de coronavirus. Le 29 mai, Donald Trump a annoncé « mettre fin » à ses relations avec l’organisation internationale.
Les Etats-Unis étaient, avant cette annonce, les premiers contributeurs au budget de l’organisation. L’OMS est financée par des contributions volontaires des pays, mais aussi par des contributions calculées en fonction du nombre d’habitants du pays et de sa richesse. Donald Trump n’a pas précisé quels types de contributions il visait.
Comme l’a repéré USA Today, les Etats-Unis ont fait des versements à l’OMS entre le 31 mai et le 31 août au titre de la contribution obligatoire, ce qui signifie que ce pays a contribué au budget de l’OMS depuis les déclarations de Donald Trump.
- « Il a annulé le projet de loi des démocrates qui cherchait à tracer la population. »
Est-ce juste ? Il s’agit d’une allusion à un projet de loi déposé le 1er mai par Bobby Rush, un démocrate membre du Congrès. Ce texte a pour objet d'autoriser les CDC à distribuer des fonds à des unités mobiles pour lutter contre le Covid-19. Ces fonds sont destinés, selon le texte, à mettre en place des tests et des recherches de contacts, dans des zones prioritaires.
Ce projet de loi a suscité une inquiétude, car il indique la possibilité de mener des tests à domicile. « Ce projet de loi n’autorise personne à entrer chez vous, pour quelque raison que ce soit, sans votre permission, et il ne permet pas non plus au gouvernement de faire sortir quelqu’un de chez vous à cause du coronavirus », a précisé l’équipe de Bobby Rush. Avec ce texte, l’élu veut permettre à des unités mobiles de faire du porte-à-porte dans des zones ayant un accès limité aux services de santé.
Le texte n’est qu’à l’état de projet : il n’a pas encore été voté et son cheminement au sein du Congrès n’a pas progressé depuis le 1er mai.
- « Il a ouvert une plateforme pour dénoncer les abus et la censure des réseaux sociaux. »
Est-ce juste ? Le 15 mai 2019, la Maison-Blanche a annoncé avoir ouvert un site appelant les Américains à témoigner s’ils s’estimaient victimes de « censure » sur les réseaux sociaux en raison de « préjugés politiques ». Le site ne peut plus recevoir de témoignages, à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Donald Trump accuse régulièrement les plateformes comme Twitter ou Facebook de « biais » politiques. Le ministère de la Justice vient d'annoncer une proposition de changement de législation visant les réseaux sociaux.
- « Il a annulé la 5G chinoise. »
Est-ce juste ? La 5G est bien en cours de déploiement aux Etats-Unis. Toutefois, Donald Trump, qui mène une guerre commerciale avec la Chine, a bloqué l’arrivée de l’entreprise chinoise Huawei sur ce marché. En mai 2019, le président américain a interdit aux entreprises américaines d’utiliser des équipements de télécommunication fabriqués par des entreprises posant un « risque pour la sécurité nationale », rappelle Reuters. L’interdiction a été prolongée jusqu’en mai 2021.
- « Il a fait arrêter 3.700 pédophiles et trafiquants d’organe. »
Est-ce juste ? Il n’existe pas de statistiques officielles concernant la lutte contre le trafic d’organes aux Etats-Unis. Concernant la pédocriminalité, l’ICE, une agence douanière et de contrôle des frontières, a indiqué avoir arrêté 3.957 « prédateurs d’enfants » en 2019. Les chiffres pour 2018 et 2017 ne sont pas disponibles. L’affirmation ne précise pas sur quelle période auraient eu lieu ces 3.700 arrestations.
D’autres variations de cette affirmation circulent en ligne. Selon une version, le nombre d’arrestations pour traite d’êtres humains a explosé pendant la présidence de Donald Trump par rapport aux années de présidence de Barack Obama. Nos confrères américains de FactCheck.org ont démenti cette affirmation.
- « Il a immédiatement validé le traitement du professeur Raoult. »
Est-ce juste ? Donald Trump s’est, dans un premier temps, montré favorable à l’hydroxychloroquine pour prévenir le coronavirus. Le 24 mars, il avait qualifié la molécule de « don du ciel ». Le 18 mai, le président avait annoncé prendre le médicament à titre préventif, avant d’arrêter, une semaine plus tard.
Les autorités sanitaires américaines se sont montrées prudentes vis-à-vis du médicament. Le 30 mars, la FDA, chargée de réguler les médicaments, avait autorisé l’administration de la chloroquine à l’hôpital, tout en mettant en garde contre l’automédication. Les CDC avaient, début avril, mentionné des dosages pour administrer l’hydroxychloroquine, tout en soulignant que « la dose optimale et la durée [d’administration] de l’hydroxychloroquine pour le traitement du COVID-19 sont inconnues ». Le 7 avril, les CDC ont enlevé les références à des dosages.