Brexit : Les négociations entre Londres et l’Union européenne reprennent dans un climat tendu
ACCORD•Michel Barnier, le négociateur de l’UE pour le Brexit, est arrivé à Londres, ce mardi midi, pour des pourparlers qui doivent se poursuivre jusqu’à jeudi20 Minutes avec AFP
Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont repris leurs négociations pour définir leur relation post-Brexit, ce mardi, dans un climat tendu, Londres menaçant de claquer la porte si des progrès ne sont pas réalisés cette semaine.
Ce mardi, quelques heures avant l’arrivée à Londres de Michel Barnier pour des pourparlers qui ont débuté à 12h30, et qui doivent se poursuivre jusqu’à jeudi, le négociateur britannique David Frost a appelé l’UE à « faire preuve de plus de réalisme sur le statut de pays indépendant » du Royaume-Uni. « Nous ne pouvons plus nous permettre de ressasser les mêmes choses » après « six mois de dialogue » a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le spectre du « no deal »
Le Royaume-Uni a formellement quitté l’UE le 31 janvier, près de quatre ans après un référendum historique marquant la fin de 46 ans d’un mariage houleux. Mais il reste régi par la réglementation européenne jusqu’à fin décembre, tandis que les deux parties tentent de conclure un accord de libre-échange. Les négociations butent notamment sur la pêche et les conditions de concurrence équitable. Le temps presse, Bruxelles voulant un accord d’ici à la fin octobre pour permettre une ratification dans les temps.
Le Premier ministre Boris Johnson a averti de son côté que faute de compromis d’ici au sommet européen du 15 octobre, il se satisferait d’un « no deal » malgré les risques de dégâts économiques en période de crise historique en raison de la pandémie de nouveau coronavirus. Il a même estimé lundi que cela représenterait « une bonne issue » permettant au Royaume-Uni de « prospérer » car il aurait « la liberté de conclure des accords commerciaux avec tous les pays du monde ». Dans son communiqué, David Frost a affirmé vouloir faire passer mardi un « message clair » à son homologue européen Michel Barnier : « Nous devons progresser cette semaine si nous voulons parvenir à un accord dans les temps ».
L’UE rappelle Londres à ses engagements
Les discussions s’annoncent tendues, au lendemain de l’annonce par le gouvernement britannique de sa volonté de revenir sur certaines parties de l’accord encadrant la sortie de l’UE. Le gouvernement britannique veut retoucher de manière « limitée » pour le « clarifier » le protocole prévoyant des arrangements douaniers pour l’Irlande du Nord. Ce texte vise à garantir l’absence de frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, membre de l’UE, et à éviter la résurgence de tensions dans cette région, ensanglantée par trois décennies de « troubles » jusqu’à la signature de l’accord de paix du Vendredi saint en 1998.
Selon le quotidien conservateur The Telegraph, Boris Johnson compte dire aux dirigeants de l’UE que ce texte est « contradictoire » et doit être révisé pour protéger l’unité de son pays. Ce revirement britannique a surpris les Européens qui ont rappelé à Londres ses engagements et mis en garde sur un coup porté à la « confiance » qui affecterait les négociations en cours sur l’après-Brexit.
L’accord avec les Etats-Unis en péril
Selon le Financial Times, le directeur des services juridiques du gouvernement britannique Jonathan Jones a démissionné en raison de cette révision. Outre l’UE, le gouvernement britannique tente de décrocher d’ici à la fin de l’année un accord ambitieux avec les autres grandes puissances, notamment les Etats-Unis avec lesquels le quatrième round de négociations débute mardi. « La semaine dernière, nous avons échangé nos premières offres d’accès au marché, une étape importante dans les négociations », s’est félicitée la ministre du Commerce Liz Truss sur Twitter.
Mais rompre ses engagements au péril de la paix en Irlande du Nord pourrait nuire aux négociations du Royaume-Uni avec d’autres pays. « Si le Royaume-Uni, en quittant l’Union européenne, (…) le fait d’une façon qui viole l’Accord du Vendredi Saint, il n’y aura pas d’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Royaume-Uni », a prévenu Brendan Boyle, membre du congrès américain sur la BBC mardi.