Explosions à Beyrouth : Le drame laisse de nombreuses domestiques migrantes démunies
LIBAN•Elles ont perdu leurs revenus mais aussi leur domicile et n’ont pas les moyens de rentrer dans leur pays d’origineLise Abou Mansour
A la suite des deux explosions qui ont dévasté Beyrouth, elles ont tout perdu. Les migrantes qui étaient employées comme domestiques dans la capitale libanaise n’ont désormais ni revenu, ni toit et n’ont pas les moyens de rentrer dans leur pays.
Pour se faire entendre, plusieurs dizaines de migrantes kényanes ont manifesté devant leur consulat les 10 et 11 août. Elles demandent aux autorités de leur pays d’origine de les rapatrier. « Ils disent que si nous avons suffisamment de dollars pour payer notre billet, alors nous pouvons rentrer. Ils réclament 1.000 dollars pour acheter un billet mais nous n’avons pas cet argent », se désole l’une d’elle.
Non protégées par le droit du travail libanais
La catastrophe qui a touché Beyrouth ne fait qu’aggraver la situation déjà dramatique de ces domestiques venues majoritairement d’Ethiopie. Maltraitance, violences sexuelles, travail mal voire pas rémunéré. « Ces femmes font partie des personnes les plus marginalisées de notre société », estime Heba Morayef, la directrice régionale d’Amnesty International.
Les femmes de ménage, nourrices et autres aides à domicile ne sont pas soumises au droit du travail libanais. Elles ne peuvent, par exemple, pas quitter leur travail sans l’accord préalable de leur patron. Ce système, généralisé au Moyen-Orient, s’appelle le « kafala » et laisse ces femmes à la merci de leurs employeurs.
Abandonnées par leur patron
C’est ce qu’il s’est passé avec l’arrivée de la crise du Covid-19. La crise sanitaire ayant empiré les difficultés économiques du Liban, des dizaines de domestiques éthiopiennes avaient été renvoyées par leurs patrons et déposées devant le consulat éthiopien à Beyrouth, en juin.
« Les patrons nous ont viré de leur maison sans habits ni passeport et nous ont jetées ici », se désole Hayet, une migrante éthiopienne de 21 ans. « Certaines d’entre nous dorment dans la rue. Des gens viennent et leur demandent si elles veulent travailler. Ils les emmènent chez eux et nous ne savons pas ce qu’ils font d’elles. »
250.000 migrantes domestiques issues d’Afrique et d’Asie travaillent au Liban selon Amnesty International.