GEANTS DE LA TECHPuissance, « abus de pouvoir »… Les Gafa agacent les élus américains

Etats-Unis : Puissance et « abus de pouvoir »… Google, Apple, Facebook et Amazon sermonnés par les élus américains

GEANTS DE LA TECHLes élus n’ont pas mâché leurs mots face aux patrons de Google, Amazon, Apple et Facebook, convoqués en visioconférence
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les GAFA écrasent leurs concurrents et la démocratie, ont martelé les démocrates. Les GAFA nous censurent, ont tempêté les républicains… Les élus américains ont donné libre cours mercredi, pendant cinq heures, à des années de frustration vis-à-vis des sociétés tentaculaires qui dominent l’internet mondial.

Sundar Pichai (Alphabet, maison-mère de Google), Tim Cook (Apple), Mark Zuckerberg (Facebook) et Jeff Bezos (Amazon), ont été auditionnés en visioconférence par la commission judiciaire de la Chambre des représentants à Washington, qui enquête depuis un an sur de possibles abus de position dominante. « Ils ont trop de pouvoir », a assené d’emblée David Cicilline, le président du sous-comité sur la concurrence. Et « ils vont certainement émerger (de la pandémie) encore plus forts et plus puissants qu’avant ».

Google, « un jardin clôturé »

« Si le Congrès ne force pas les "Big Tech" à être équitables, ce qu’ils auraient dû faire il y a des années, je le ferai moi-même avec des décrets », a menacé Donald Trump avant le début de la séance. Les membres démocrates se sont principalement concentrés sur le modèle économique des géants de la tech.

Ils ont tenté de prouver que ces groupes utilisent les montagnes de données personnelles à leur disposition et des acquisitions de concurrents pour empêcher, illégalement, tout compétiteur d’émerger, au détriment des consommateurs, des citoyens, de l’innovation et de la démocratie. « Google est devenu le portail d’accès à Internet et abuse de son pouvoir », a argumenté David Cicilline après une série de questions à Sundar Pichai. « C’est devenu un jardin clôturé, (…) qui s’assure, virtuellement, que toute entreprise qui veut être trouvée en ligne doive payer une taxe à Google ».

La concurrence au cœur des débats

Jerry Nadler, le président de la commission, a de son côté attaqué Mark Zuckerberg sur le terrain des acquisitions. « Facebook voyait Instagram comme une menace (…), donc (…) ils les ont rachetés », a-t-il accusé. Jeff Bezos, dont c’était la première parution devant une commission parlementaire, en a aussi pris pour son grade. « Amazon est seulement intéressé dans l’exploitation de son monopole sur les ventes en ligne », a déclaré David Cicilline. « Son double rôle d’hébergeur et de marchand sur la même plateforme est fondamentalement anticoncurrentiel. Le Congrès doit prendre des mesures ».

Pour appuyer ce propos, l’élue Pramila Jayapal a cité un ancien employé d’Amazon : « (les chefs) nous disent juste : "ne vous servez pas dans les données". Mais c’est un véritable magasin de bonbons, tout le monde a accès à tout ce qu’il veut ». Tim Cook a été interrogé sur le même sujet – sa qualité de juge et partie sur sa plateforme d’applications, l’app store – mais a été relativement épargné par rapport aux autres groupes.

Fibre patriotique et « success stories »

Combinés, les GAFA valent environ 4.780 milliards de dollars en Bourse. Les milliardaires Jeff Bezos et Mark Zuckerberg figurent au top 5 des hommes les plus riches au monde. Leurs patrons ont eu peu d’opportunités de répondre aux accusations, hormis pendant leurs propos liminaires, où ils ont vanté leurs « success stories » à l’américaine pour en appeler à la fibre patriotique des élus.

Ils ont mis en avant leur contribution à la croissance, leurs investissements, les créations d’emplois aux Etats-Unis, et assuré favoriser la compétition tout en faisant face à une concurrence féroce. Pas de quoi convaincre David Cicilline : « Ces sociétés disposent d’un monopole. Certaines doivent être scindées, d’autres doivent régulées et rendues responsables de leurs actes », a-t-il conclu.

La commission judiciaire enquête depuis des mois sur de possibles abus de position dominante, mais l’audition a peu de chance d’avoir des conséquences majeures, si ce n’est, peut-être, de préparer de nouvelles lois plus contraignantes pour les plateformes numériques.