CRISEPlombée par le coronavirus, l’Allemagne se prépare à la récession

Coronavirus: L’Allemagne se prépare à la récession

CRISESelon les experts cités par l’outil d’analyse financière Factset, le PIB allemand pourrait chuter de 2,1 % au premier trimestre et de 2,5 % sur un an
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est le chiffre que toute l’Europe attend. Le Produit intérieur brut allemand du premier trimestre, publié vendredi, devrait donner un avant-goût du choc infligé par le coronavirus à la première économie européenne. Comme pour l’ensemble des pays européens, le confinement a paralysé la production de nombreux secteurs, fortement ralenti les échanges et bridé la consommation.

Le PIB devrait plonger de 10 % au deuxième trimestre

Même en débutant mi-mars, les mesures de restriction ont suffi à déprimer l’activité : les experts cités par l’outil d’analyse financière Factset prévoient une chute de 2,1 % de l’économie allemande sur cette période par rapport au trimestre précédent, et de 2,5 % sur un an, du jamais vu depuis la crise financière de 2008. Surtout, le deuxième trimestre devrait connaître un plongeon de 10 % du PIB allemand sur un an selon des projections communes des principaux instituts économiques publiées début avril.

L’espoir d’un rebond rapide après quelques semaines de ralentissement s’est dissipé et, malgré l’assouplissement des restrictions en mai, la pandémie devrait peser sur l’économie tout au long de l’année. Pour 2020, le gouvernement allemand prévoit une récession de 6,3 %, la plus forte depuis le début des calculs en 1970. Et la pandémie devrait amputer de près de 100 milliards d’euros les recettes fiscales par rapport à la précédente prévision d’octobre, a précisé jeudi le ministre des Finances.

L’industrie automobile au plus mal

L’industrie exportatrice, pilier du modèle économique allemand, est particulièrement en souffrance, après avoir déjà été plombée en 2019 par les tensions commerciales et le Brexit. En mars, la production industrielle a reculé de 9,2 % sur un mois, du jamais vu depuis 1991, selon l’office fédéral des statistiques. Le secteur automobile est sinistré : l’Allemagne a produit en avril 97 % de voitures en moins sur un an.

Les conglomérats industriels sont également à la peine, Thyssenkrupp et Siemens ayant vu un fort recul de leurs résultats nets en début d’année, victimes d’une baisse de la demande. La compagnie allemande Lufthansa, premier groupe européen aérien, perd actuellement un million d’euros par heure à cause de la chute du trafic aérien, quand le numéro 1 mondial du tourisme TUI, s’apprête à supprimer 8.000 emplois.

Oublier la rigueur budgétaire

Avec la réouverture en mai des magasins et de nombre de lieux publics, l’objectif est désormais d’accélérer la relance économique. Berlin prévoit un rebond dès 2021, avec une croissance attendue de 5,2 %, espérant renouer en 2022 avec les niveaux de production de 2019. « L’Allemagne sortira de la crise plus rapidement et plus vigoureusement que les autres pays occidentaux », car elle a « dépensé plus d’argent pour sauver son économie », prédit Carsten Brzeski, de la banque ING.

Pour faire face à la crise, Berlin a tourné le dos à la rigueur budgétaire, adoptant un plan ambitieux de garanties publiques de prêts et d’aides directes aux entreprises, pour un volume de 1.100 milliards d’euros. Mais l’économie « ne pourra reprendre que si les principaux partenaires commerciaux » de l’Allemagne, dont « ses voisins européens », la Chine et les Etats-Unis, « renouent avec la croissance », souligne Jens-Oliver Niklash, économiste pour la banque LBBW. Une condition d’autant plus délicate à remplir que le coronavirus attise les tensions sino-américaines, qui pourraient, comme en 2019, plomber le commerce mondial.