ETATS-UNISL'« Obamagate », ce soi-disant « crime politique » qui obsède Donald Trump

Qu’est-ce que l'« Obamagate », ce « crime politique » qui obsède Donald Trump

ETATS-UNISLe président américain accuse son prédécesseur et le FBI d’avoir « piégé » le général Michael Flynn dans le cadre de l’enquête sur la Russie
Philippe Berry

Philippe Berry

L'essentiel

  • Le président américain tweete à tout va sur un mystérieux scandale qu’il a baptisé « Obamagate ».
  • Il reste vague mais accuse son prédécesseur d’avoir cherché à piéger son ancien conseiller Michael Flynn dans le cadre de l’enquête sur la Russie.
  • Aucun élément n’appuie ses accusations, et les Républicains du Sénat ont pour l’instant exclu de convoquer Barack Obama.

De notre correspondant aux Etats-Unis,

« OBAMAGATE fait passer le Watergate pour un truc de rien du tout. » Dimanche dernier, Donald Trump s’est déchaîné sur Twitter, dégainant 125 tweets et retweets en moins de 24 heures. Depuis, il continue quotidiennement d’accuser son prédécesseur d’avoir commis « le crime politique le plus grave de l’histoire américaine ». Quoi exactement ? Ce n’est pas très clair, mais c’est lié à l’enquête sur la Russie. Et Donald Trump semble accuser Barack Obama d’avoir cherché à « saboter » son nouveau gouvernement lors de la transition, notamment en « piégeant » le général Michael Flynn. Explications.

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Ce qu’a dit Donald Trump

Lundi, un journaliste du Washington Post lui a demandé de clarifier ce qu’était cet « Obamagate » et de quel crime exactement il accusait son prédécesseur. Réponse de Donald Trump : « Obamagate, ça dure depuis longtemps. Ça a commencé avant que je sois élu. C’est une honte que ça soit arrivé. Si vous regardez ce qu’il se passe, et toutes les informations qui ont été révélées, de ce que je comprends, ce n’est que le début. Des trucs horribles se sont passés, et on ne devrait jamais accepter que ça se reproduise. Vous verrez au cours des prochaines semaines. » Ok, mais « quel est ce crime exactement ? », insiste le journaliste derrière son masque. « Vous savez très bien de quel crime il s’agit, le crime est évident. Il suffit de lire les journaux, sauf le vôtre. »

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Des accusations liées à l’enquête sur la Russie et au général Flynn

Les attaques du président américain ont commencé lorsque son département de la Justice a décidé, la semaine dernière, d’abandonner les charges contre le général Michael Flynn. Celui qui fut brièvement conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump avait été forcé de démissionner après trois semaines pour avoir dissimulé des contacts avec l’ambassadeur russe Serge Kislyak fin 2016, lors de la période de passation du pouvoir entre Obama et Trump. Dans le cadre de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, Flynn avait ensuite été inculpé pour avoir menti au FBI. Mais en réexaminant le dossier, le ministère de la Justice a estimé que ses déclarations « quand bien même elles seraient fausses, n’avaient pas d’importance ».

Des notes du FBI ont également été déclassifiées, notamment celle-ci, dans laquelle un agent demandait : « Quel est votre but ? L’admission de la vérité ou de le faire mentir pour que nous puissions le poursuivre ou le pousser à la démission ? » Donald Trump et ses partisans y voient là la preuve d’un « coup monté ». Mais selon une lettre signée par plus 2.000 anciens membres du département à la Justice, il s’agit d’une méthode classique du FBI.

Quel est le rapport avec Barack Obama ?

Les accusations se concentrent sur un meeting à la Maison Blanche du 5 janvier 2017 auquel ont participé Barack Obama, son vice-président Joe Biden, le patron du FBI James Comey, la ministre de la Justice par intérim Sally Yates et la conseillère à la Sécurité nationale Susan Rice. Selon le témoignage de Yates lors de l’enquête de Robert Mueller, le cas de Michael Flynn et de sa rencontre avec l’ambassadeur russe ont été abordés, mais – et c’est un détail important – ce n’est que le 24 janvier (après la passation du pouvoir) qu’elle a appris que le FBI avait interrogé Flynn. En clair, Barack Obama aurait simplement cherché à savoir si son administration devait faire attention aux informations qu’elle partageait avec Michael Flynn mais il n’y a aucun élément suggérant que le président américain ait cherché à « piéger » le général via le FBI.

Le Républicain Lindsay Graham, du comité judiciaire du Sénat, a d’ailleurs exclu de convoquer Barack Obama pour témoigner dans le cadre de l’enquête sur l’enquête. Au final, Donald Trump cherche, en pleine crise du coronavirus, à « distraire l’opinion et mobiliser sa base en alimentant les conspirations », a estimé sur MSNBC le juriste Benjamin Wittes. Rien de surprenant, à moins de six mois de la présidentielle.

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