EGLISEGeorge Pell avait connaissance d’agressions pédophiles dès les années 1970

Australie : Selon une enquête, le cardinal Pell avait connaissance d’agressions pédophiles dès les années 1970

EGLISELa Commission d’enquête royale a enfin pu rendre publiques ses conclusions, pourtant publiées en 2017, car les décisions judiciaires visant Pell ont été rendues
20 Minutes avec AFP

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En Australie, le cardinal George Pell, condamné puis acquitté pour des faits de viol, était au courant des crimes pédophiles commis au sein du clergé australien dès les années 1970, selon les conclusions d’une enquête dévoilée ce jeudi.

La Commission d’enquête royale a travaillé pendant cinq ans sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie en Australie, avant de rendre des conclusions accablantes en 2017. Mais les parties relatives à l’ex-secrétaire à l’Economie du Saint-Siège avaient été tenues secrètes pour ne pas influencer les jurés dans la procédure judiciaire portant sur des actes pédophiles dont il était directement accusé.

La question d’un séjour au camping

Condamné en 2019 à six ans d’incarcération pour des viols et agressions sexuelles remontant aux années 1990, George Pell, 78 ans, a finalement été acquitté en appel, au bénéfice du doute, en avril par la plus haute juridiction australienne. Ce qui a permis la révélation des conclusions de la Commission royale jusqu’alors tenues secrètes.

Celle-ci affirme que George Pell s’était interrogé dès 1973, alors qu’il était prêtre dans le diocèse rural de Ballarat (Sud-Est), sur le fait de laisser Gerald Ridsdale, prêtre aujourd’hui en prison pour de multiples agressions pédophiles, emmener des garçons faire du camping durant plusieurs jours. « A cette époque, la question des agressions pédophiles était sur ses radars », peut-on lire dans le rapport.

Eviter « les commérages »

« Nous sommes aussi persuadés qu’en 1973 le cardinal Pell était non seulement conscient des agressions pédophiles commises par le clergé mais qu’il avait aussi envisagé des mesures pour éviter les situations susceptibles de générer des commérages à leur sujet. »

George Pell, qui vivait avec Gerald Ridsdale en 1973 et l’a soutenu en 1993 lors de sa première comparution en justice, a toujours dit n’avoir aucun souvenir de plaintes à Ballarat. Gerald Ridsdale a été condamné pour avoir agressé une cinquantaine de jeunes garçons entre 1960 et 1980. Dans un communiqué, George Pell s’est dit jeudi « surpris par certaines des affirmations de la Commission royale » qui « ne sont étayées par aucune preuve ». Il a ajouté que nombre de ceux présents à la réunion de 1977 n’avaient appris que « bien plus tard » les méfaits de Ridsdale.

4.000 victimes présumées en Australie

La Commission a aussi estimé que Pell aurait dû demander la mise à l’écart d’un autre prêtre, Peter Searson, lorsque, évêque auxiliaire de Melbourne, il a reçu en 1989 une liste de plaintes transmises par des enseignants. Il a fait l’objet de multiples plaintes entre les années 1970 et 1990 pour pédophilie, mais aussi pour son comportement « déplaisant, étrange, agressif et violent », selon la commission.

George Pell a reconnu qu’il aurait pu être « un peu plus insistant » auprès de l’archevêque concernant Searson. Mais, pour la commission il « revenait à Pell » d’agir en 1989, ce qu’il n’a fait qu’en 1997, alors qu’il était devenu archevêque de Melbourne. Cette année-là, Searson a plaidé coupable de l’agression d’un enfant, mais n’a jamais été poursuivi pour pédophilie. Il est mort en 2009.

Au lancement des travaux de la Commission royale en 2012, George Pell, alors archevêque de Sydney, avait estimé « exagérée » l’étendue des abus allégués au sein de l’Eglise. Au final, la Commission a recensé plus de 4.000 victimes présumées d’actes pédophiles commis au sein d’institutions religieuses. Elle a estimé que 7 % des religieux catholiques australiens avaient fait l’objet d’accusations d’abus sexuels sur des enfants entre 1950 et 2010, sans que cela ne débouche sur des investigations.