Royaume-Uni : L'émir de Dubaï a bien fait enlever deux de ses filles et menacé une épouse, confirme la justice
JUGEMENT•La justice britannique a tranché au terme d’une longue bataille judiciaire entre le chef du gouvernement des Emirats arabes unis et sa sixième épouse, la princesse Haya, 45 ans20 Minutes avec AFP
L’émir de Dubaï a commandité l’enlèvement de deux de ses filles et « intimidé » l’une de ses épouses, la princesse Haya de Jordanie, la contraignant à fuir pour le Royaume-Uni, a statué ce jeudi la justice britannique.
Ces conclusions d’un juge londonien ont été rendues dans le cadre d’une bataille judiciaire entre Mohammed ben Rached al-Maktoum, 70 ans, qui est également chef du gouvernement des Emirats arabes unis, et la princesse Haya, 45 ans. Cette dernière, devenue en 2004 la sixième épouse du souverain émirati de 70 ans, a créé la sensation l’été dernier en fuyant à Londres, emmenant leurs deux enfants désormais âgés de 8 et 12 ans.
Une demande de protection contre des brutalités
Elle a lancé une procédure inédite contre son époux, qui a selon elle divorcé en secret début 2019. Elle y demande au juge aux Affaires familiales de la Haute Cour de justice de Londres à bénéficier d’une mesure de protection contre un mariage forcé qui pourrait concerner un des enfants du couple. Elle a aussi demandé une mesure de protection contre des brutalités et réclamé la garde de ses enfants.
Cheikh Mohammed ben Rached al-Maktoum réclame, de son côté, le retour de ses enfants aux Emirats. Dans des conclusions sur certains points de procédures, le juge estime que l’émir « a agi, à partir de fin 2018, d’une manière visant à intimider et effrayer » la princesse. Dans cette procédure, la princesse Haya demandait à la justice de se prononcer notamment sur le sort de deux filles, Shamsa et Latifa, que l’émir a eues avec une autre épouse. Selon le juge, Cheikh Mohammed ben Rached al-Maktoum « a commandité et orchestré » l’enlèvement de ces dernières.
« Torturée et emprisonnée » pendant trois ans
Dans un communiqué, l’émir a dénoncé un jugement qui « inévitablement ne relate qu’un côté de l’affaire » et « ne protège pas (ses) enfants de l’attention des médias », appelant au respect de la vie privée de sa famille. En mars 2018, Latifa al-Maktoum, 32 ans, annonçait dans une vidéo diffusée sur Youtube vouloir fuir son pays.
Au bord des larmes, elle disait avoir été « torturée », et « emprisonnée pendant trois ans » par son père après une première tentative d’évasion alors qu’elle n’était qu’adolescente en 2002, critiquant un « père qui ne pense qu’à son image » et qui a « détruit les vies de tant de personnes ». « Je fais cette vidéo au cas où cela échouerait », disait-elle. La vidéo a été publiée car la tentative, digne d’un thriller en eaux troubles et lancée le 24 février 2018 a, en effet, échoué de manière spectaculaire. Le gouvernement à Dubaï a fini par rompre son silence sur cette affaire rocambolesque le 17 avril 2018, confirmant que la princesse avait été « ramenée » auprès de sa famille et qu’elle allait « bien ».
A 18 ans seulement, sa sœur Shamsa, qui serait née en 1981, avait tenté de fuir son père en 2000 alors qu’elle était en vacances en Angleterre. Selon le récit de Latifa, la jeune fille a été retrouvée après deux mois de fuite, « droguée », ramenée à Dubaï en jet privé et « enfermée ».