Abus sexuels dans l’Eglise : Le Vatican institue un groupe d’experts mobiles
EGLISE•Ces experts auront la charge d’aider certaines conférences épiscopales à prévenir les agressions sexuelles contre des mineurs par des membres du clergé20 Minutes avec AFP
Un groupe d’experts mobiles a été mis en place par le Vatican pour aider certaines conférences épiscopales dans le monde à finaliser leurs règles pour prévenir les agressions sexuelles contre des mineurs par des membres du clergé, a annoncé le Saint-Siège ce vendredi.
Un an après le sommet de présidents de conférences épiscopales mondiales, cette annonce, destinée aux victimes, risque une nouvelle fois d’interroger sur la lenteur de l’Eglise. Le pape François avait en effet déjà évoqué lors du sommet de l’an dernier la création d’équipes mobiles de spécialistes pouvant aider certaines conférences épiscopales et diocèses « sans moyens ».
Un « vade-mecum » en cas de soupçons d’agressions sexuelles
Il entendait surtout faire pression sur des épiscopats d’Asie et d’Afrique affirmant se sentir peu concernés par les scandales d’agressions sexuelles. L’édiction de ces règles est demandée aux conférences épiscopales depuis 2011, mais le Vatican n’a fourni aucune statistique ce vendredi sur la concrétisation de cette demande. Le père Federico Lombardi, qui avait coordonné le sommet de février 2019, croit savoir toutefois que « seulement une dizaine de conférences épiscopales n’ont pas encore de règles formalisées ».
Il s’agit essentiellement de pays souffrant de la guerre ou d’une extrême pauvreté, où cela n’est pas considéré comme une priorité. Un « vade-mecum » spécifiant les démarches à entreprendre en cas de soupçon d’agression sexuelle, autre promesse du sommet, sortira aussi prochainement à l’intention des épiscopats de pays manquant d’experts. Le groupe d’experts annoncé vendredi devra être sollicité par les conférences épiscopales, y compris pour mettre à jour régulièrement leurs règles.
Secret pontifical levé et droit canon modifié
Le coordinateur maltais du groupe, Andrew Azzopardi, rappelle que ces conseils édictés par chaque conférence épiscopale doivent aborder trois points : comment écouter les victimes, comment mieux former les religieux et laïcs en matière de prévention, et enfin comment agir en cas d’allégation d’agression sexuelle commise par le clergé. Ces règles ne peuvent pas être totalement uniformes pour les épiscopats du monde entier car elles doivent tenir compte des cultures et sensibilité locales, explique-t-il.
En décembre, le pape François avait fait un pas important en levant le secret pontifical sur les agressions sexuelles, ce qui permet de livrer aux magistrats de la justice civile des documents internes à l’Eglise concernant des plaintes ou procès. En mai 2019, l’Eglise avait en outre modifié le droit canon pour rendre obligatoire le signalement de tout soupçon d’agression sexuelle, de harcèlement, ou de couverture de telles agressions. L’Eglise n’oblige toutefois pas ses membres à signaler ces affaires aux autorités judiciaires du pays en question, sauf là où la loi locale l’impose.